Le Mercredi 4 mars 2009
Les 132 organismes de la table de concertation des organismes au services des personnes réfugiées et immigrantes.
publié par Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantesMonsieur le premier ministre,
Après l’échec du dernier plan d’action (2004-2007) Des valeurs partagées, des intérêts communs, faute de moyens et relaté avec pragmatisme dans le rapport de la Commission Bouchard-Taylor, force est de constater sur le terrain que les résultats concrets et le déploiement de services additionnels aux nouveaux arrivants se font toujours attendre. Nous déplorons que le gouvernement ait choisi d’ignorer la plupart des 39 recommandations de la Commission qui proposait des solutions et des mesures concrètes.
Entre-temps, les difficultés rencontrées par les nouveaux arrivants perdurent malgré les discours de bonnes intentions et la mise en oeuvre de nouvelles mesures disparates et inconsistantes.
L’absence d’une stratégie globale gouvernementale impliquant une action interministérielle ordonnée ainsi que la crise économique actuelle nous font craindre une dégradation des conditions d’accueil des personnes réfugiées et immigrantes pour les prochains mois. Nous vous demandons de mettre en oeuvre dans les plus brefs délais une coordination gouvernementale afin de déployer au Québec des mesures concertées et ciblées pour répondre rapidement et avec efficacité aux besoins des nouveaux arrivants.
Malgré l’augmentation des budgets en 2008, le rattrapage des coupures antérieures s’avère inachevé. Il est indéniable que les ressources financières et les efforts dédiés en 2008-2009 à l’intégration des nouveaux arrivants pour le déploiement de nouvelles mesures et initiatives sont insuffisants pour obtenir les résultats escomptés. Les montants alloués à toutes ces initiatives devront être augmentés lors du prochain budget si nous voulons adéquatement répondre aux besoins immédiats des nouveaux arrivants et mettre en place des conditions d’accueil adaptées qui feront pencher la balance.
Vous n’êtes pas sans savoir que la compensation financière que reçoit le Québec dans le cadre de l’Accord Canada-Québec pour l’intégration des immigrants et des réfugiés connaît annuellement d’importantes hausses. Le transfert fédéral est passé de 104 millions $ en 2000 à 216 millions $ en 2008. Comment peut-on justifier que le gouvernement québécois investisse si timidement dans les mesures de soutien et d’accompagnement pour les nouveaux arrivants, alors que les budgets pour l’accueil des immigrants ont doublé récemment dans le reste du Canada.
Ceci est d’autant plus incompréhensible puisque le gouvernement du Québec dispose d’un fonds garanti et indexé à long terme dédié à l’intégration des nouveaux arrivants qui n’affecte aucunement le trésor public québécois. De plus, nous vous rappelons que le MICC génère chaque année environ 30 millions $ de revenus autonomes avec les frais, la tarification et les taxes pris aux nouveaux arrivants lorsqu’ils immigrent chez nous. Sachant que les nouveaux arrivants rencontrent de nombreuses difficultés et obstacles durant leur parcours d’intégration au Québec, notamment en ce qui concerne l’accès au marché du travail, il serait irresponsable de ne pas investir minimalement l’indexation prévue à l’Accord Canada-Québec pour l’intégration et la francisation des nouveaux arrivants en 2009-2010 estimée à 16 millions $, selon les prévisions du Fédéral.
Nous vous demandons à nouveau, Monsieur le premier ministre, que toutes les sommes transférées annuellement par le gouvernement fédéral soient réellement investies au bénéfice de l’intégration et de la francisation des personnes réfugiées et immigrantes au Québec.
Nous réitérons par la même occasion notre souhait que le Québec mette tout en oeuvre pour poursuivre sa politique de croissance de l’immigration et que nous nous donnions réellement les moyens pour faciliter leur intégration sociale et économique à la société québécoise car il s’agit d’un investissement à long terme pour notre société et les générations à venir.
Veuillez agréer, Monsieur le premier ministre, l’expression de nos sentiments respectueux.
Hassan Hassani
Coprésident de la TCR