Le Mardi 12 septembre 2006
Avec votre vieil ordinateur : réduire les impacts environnementaux et aider à l’éducation des jeunes dans les pays en développement
publié par Micro Recyc CoopérationL’utilisation accrue des technologies numériques induira alors une accentuation de la perception de désuétude associée aux systèmes informatiques et, conséquemment, une augmentation relative des problèmes actuels de pollution: « en occident, les modèles évoluent si vite que l’année prochaine 300 millions de micro-ordinateurs partiront à la poubelle aux Etats-Unis » (3). Il est donc impératif que des solutions soient apportées afin de freiner ce fléau, et l’une de celles-ci consiste à réutiliser les ordinateurs jugés désuets au sein des pays du monde développé numériquement de manière à en faire profiter les sociétés des pays en voie de développement.
La pollution issue des déchets informatiques
En 2005 seulement, 170 491 tonnes de matériel lié aux technologies de l’information et de la communication auront été jugées désuets au Canada (4). Compte tenu de la composition d’un ordinateur (verre, plastique et métaux divers), toute matière non réutilisée ou non recyclée présentera certains dangers: bien que ne s’y retrouvant qu’en d’infimes quantités, le plomb, le mercure et le cadmium n’en demeurent pas moins potentiellement néfastes pour la santé humaine en s’attaquant au système nerveux, aux reins et au sang et pouvant même mener au cancer ou provoquer des troubles moteurs et intellectuels (5). L’oxyde de plomb contenu dans les tubes cathodiques des écrans d’ordinateurs risque, quant à lui, de se répandre jusqu’à des cours d’eau potable ou jusqu’à la nappe phréatique et cela, malgré un enfouissement jugé adéquat (6). Et si on a le malheur d’incinérer cet attirail électronique, les vapeurs ainsi que les cendres de plomb se propageront dans l’atmosphère, exposant aux dangers les populations locales. Pour ce qui est des composantes plastiques, on constate que leur recyclage est trop souvent irréalisable, celles-ci étant faites de plusieurs types de plastiques, conséquence d’un souci davantage économique qu’écologique de la part de leurs fabricants.
Étant donné que le recyclage de tout ordinateur implique la destruction définitive de ses puces, de ses semi-conducteurs et de ses composantes électroniques, il est préférable, dans la mesure du possible, d’offrir une seconde vie à ces ordinateurs.(7) « Nous devons aller au-delà du simple recyclage et nous intéresser au marché de l’occasion, à la réparation, etc. Mieux vaut améliorer sa machine ou la revendre: cela économise 5 à 20 fois plus d´énergie que le recyclage » (8). Seulement pour sa fabrication, un ordinateur nécessite 1,8 tonnes de matériaux, soit 240 kilogrammes de combustibles fossiles, 22 kilogrammes de produits chimiques et 1500 litres d’eau (9). En énergie fossile seulement, l’ordinateur consomme donc dix fois son poids, alors que la production d’un réfrigérateur ou d’une voiture consomme une fois ou deux son poids (10). « Et plus il est petit et léger, plus il faut d’or noir pour le façonner. Une puce de 2 grammes exige 1,6 kg d’énergie fossile pour sa fabrication, soit 600 fois son poids! » (11)
Les bénéfices de la réutilisation des technologies de l’information pour les pays en développement
Grâce aux technologies informatiques, les pays du Sud, notamment, peuvent se développer, celles-ci étant profitables à l’éducation, à une meilleure compétitivité économique et, conséquemment, à l’acquisition d’une plus grande autonomie par rapport au pays du Nord. En effet, « les pays en développement ont besoin d’adopter des mesures pour conserver les étudiants dans le système d’éducation ou pour leur offrir des emplois, leur donnant des possibilités d’apprentissage efficace, et, sur ce front, les nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC) peuvent leur venir en aide. » (12) Les TIC présentent donc une réponse viable aux problèmes liés à la déscolarisation, mais s’avèrent également propices à la résolution d’autres problèmes inhérents aux sociétés sous-développées. Toute «société du savoir» a besoin de professionnels, pourvus de compétences spécialisées et d’une formation générale, ainsi que d’un certain nombre de techniciens: une population adéquatement éduquée et compétente représente la condition-clé favorable à un développement établi sur une utilisation efficace des TIC. (13)
Un support ponctuel, culturellement adapté et ne créant pas de dépendance
Il est essentiel de faire en sorte que le transfert technologique dont il est ici question favorise une indépendance des pays du Sud à l’égard des pays industrialisés plutôt que l’inverse. Ce sont des outils qui leurs sont offerts, et cela doit être fait sachant la chose temporaire et transitoire: « une fois que les stratégies et les politiques en matière de TIC seront en place, un investissement limité dans les capacités humaines et techniques pourrait avoir un effet catalyseur durable dans les pays en développement au chapitre de la pauvreté, de l’inégalité entre les genres et de l’environnement. » (14) Il faut également adapter autant que possible ces outils, principalement au niveau de l’ergonomie logicielle, de manière à respecter les cadres culturel, social et économique dans lesquels ils s’insèrent. Cependant, on émet souvent certaines critiques quant au « manque évident de fonds pour appuyer les initiatives d’intégration des TIC à l’éducation de masse » (15). C’est ici qu’interviennent certains organismes d’aide au développement des pays du Sud en agissant comme intermédiaires entre ceux-ci et les pays du Nord. C’est le cas de http://www.lecourrier.ch/modules.php?op=modload&name=NewsPaper&file=article&sid=38850
(11) – http://www.lecourrier.ch/modules.php?op=modload&name=NewsPaper&file=article&sid=38850
(12) – Andreas Credé et Robin Mansell, LES SOCIÉTÉS DU SAVOIR … EN BREF, La technologie de l’information au service du développement durable ( pour CRDI et la Commission des sciences et de la technique au service du développement) CRDI 1998, p.21
(13) – Andreas Credé et Robin Mansell, LES SOCIÉTÉS DU SAVOIR … EN BREF, La technologie de l’information au service du développement durable ( pour CRDI et la Commission des sciences et de la technique au service du développement) CRDI 1998, p.18
(14) – Andreas Credé et Robin Mansell, LES SOCIÉTÉS DU SAVOIR … EN BREF, La technologie de l’information au service du développement durable ( pour CRDI et la Commission des sciences et de la technique au service du développement) CRDI 1998, p.43
(15) – Andreas Credé et Robin Mansell, LES SOCIÉTÉS DU SAVOIR … EN BREF, La technologie de l’information au service du développement durable ( pour CRDI et la Commission des sciences et de la technique au service du développement) CRDI 1998, p.21
Auteur : Mathieu Lepage, agent de développement à Micro-Recyc-Coopération
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