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Le Marché Maisonneuve

On ne peut envisager de partir à la découverte du quartier Hochelaga-Maisonneuve sans commencer par son point central, la place du marché Maisonneuve. Situé rue Ontario, dans l’axe du boulevard Morgan, ce marché de style Beaux-Arts a été construit entre 1912 et 1914. À l’époque l’un des plus importants marchés de produits agricoles au Québec, il se spécialisait dans la vente du bétail. Il abritait aussi plusieurs épiceries ainsi qu’une vingtaine d’étals munis des tout premiers réfrigérateurs.

Lieu de rassemblement fort animé, le marché a souvent vibré aux accents de la Bolduc qui y triomphait en interprétant ses chansons agrémentées de «turlutages», quand il ne servait pas à accueillir la foule venue pour applaudir, ou huer les politiciens.

Considéré comme l’oeuvre majeure de Marius Dufresne, c’est l’édifice le plus monumental érigé par la Ville de Maisonneuve. Le seul aussi dont les quatre murs extérieurs sont en pierres grises, ce qui permettait de donner une belle image de la «cité modèle» aux passagers voyageant en train !

Fermé au début des années 60 en raison de la désaffection du public, il héberge depuis 1980 le Centre culturel et sportif de l’est, un important centre communautaire du quartier. Tout au long de la saison estivale, la place du marché est le théâtre d’une intense vie culturelle.

Sur la place du marché, on peut observer la sculpture-fontaine La Fermière, l’une des oeuvres maîtresses du sculpteur québécois Alfred Laliberté (1877-1953). Elle représente une maraîchère du XVIIe siècle, Louise Mauger, portant un panier de légumes et entourée de trois enfants tenant respectivement un dindon, un poisson et un veau.

Le monument, réalisé en 1915, récemment restauré, mesure près de six mètres de hauteur et mérite à lui seul le détour. La Fermière a été la première pièce de bronze de cette importance coulée au Canada.

Bain Morgan

En descendant le boulevard Morgan, qui relie la place du marché au parc Morgan, vous pourrez apercevoir le «Bain public et Gymnase», construit en 1915 pour répondre aux besoins d’hygiène et de propreté de la population ouvrière. Œuvre de Marius Dufresne, sa façade de style Beaux-Arts est inspirée d’un célèbre bain public new-yorkais.

Le bain Maisonneuve est considéré comme l’un des plus beaux d’Amérique du Nord. Aujourd’hui encore, petits et grands peuvent s’y baigner puisque le bain Morgan fait office de piscine publique.

Cinéma Granada

Au coin Morgan et Sainte-Catherine Est, l’ancien cinéma Granada, construit en 1928 par l’architecte Doucet, brille encore de la splendeur des années folles. Sa façade parfaitement symétrique comporte des éléments Renaissance et classiques. Transformé en 1977, c’est aujourd’hui le théâtre Denise-Pelletier, l’un des hauts lieux culturels de la métropole. Son décor intérieur à l’italienne, parmi les plus riches de Montréal, a été conçu par Emmanuel Briffa.

En face du théâtre se trouve le Parc Morgan, aménagé sur le vaste terrain de l’ancienne résidence de James Morgan. Ce propriétaire de magasins est à l’origine de la chaîne La Baie. Le parc abrite un kiosque à musique où se déroulent diverses manifestations culturelles.

Poste de pompiers n° 1

Plus au sud, au coin Notre-Dame et Létourneux, se dresse le curieux poste de pompiers n° 1, oeuvre de Marius Dufresne (1915). Directement inspiré du Unity Temple construit en 1904 par Frank Lloyd Wright dans la banlieue de Chicago, son architecture dérouta plus d’un critique à l’époque. Le journal Le Devoir alla jusqu’à affirmer que « le style en serait égyptien ! »

Désaffectée pendant plusieurs années, la majestueuse caserne abrite maintenant les marionnettes géantes du Théâtre sans fil.

La St-Lawrence Sugar

Située au bord du fleuve Saint-Laurent (au coin Notre-Dame et Pie-IX), la St. Lawrence Sugar Refining Co est la première usine à s’installer à Maisonneuve en 1887. Rapidement, elle devient l’un des employeurs les plus importants du quartier.

Pour faire accoster ses bateaux chargés de canne à sucre, on construit en 1889 le quai Sutherland (prolongement de la rue Jeanne-d’Arc) et, en 1896, une voie ferrée de service. Au début du siècle, la St. Lawrence Sugar fournit près du quart de la production canadienne de sucre. Rebaptisée Sucre Lantic, c’est aujourd’hui la seule compagnie sucrière de l’est du Canada.