Le Vendredi 3 juillet 2009
Les sans logis du 1er juillet sont la pointe de l’iceberg du manque de logements sociaux
publié par Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU)MONTREAL, le 2 juillet – Alors qu’au moins 130 ménages demeurent sans logis au Québec au lendemain du 1er juillet, le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) considère que ce phénomène est la manifestation la plus visible d’un problème beaucoup plus considérable : la rareté des logements sociaux.
«Les sans-logis du 1er juillet ne sont que la pointe de l’iceberg, ce qui n’enlève rien à la gravité de leurs problèmes et à l’urgence de leur venir en aide de la manière la plus adéquate possible», a déclaré le coordonnateur du FRAPRU, François Saillant, lors d’une conférence de presse tenue ce matin à Montréal. Il a expliqué que la Société canadienne d’hypothèques et de logement évalue à 260 700 le nombre de ménages locataires qui ont des besoins impérieux de logement au Québec et qui sont de ce fait éligibles à un logement social, en précisant que cette évaluation est basée sur des chiffres de 2006 et ne tient donc pas compte des effets de la crise économique.
Selon le FRAPRU, l’ampleur des besoins se reflète en partie dans les listes d’attente pour l’entrée dans une habitation à loyer modique. Même si les gouvernements ne financent plus la construction de HLM depuis quinze ans, 39 075 ménages étaient en attente de ce type de logement à l’échelle du Québec, à la fin de 2008. La liste d’attente de l’Office municipal d’habitation de Montréal comptait à elle seule 22 775 noms, le 5 juin dernier. En Montérégie, 4079 ménages étaient en attente d’un HLM à la fin de 2008. En Estrie, ce nombre était de 1672, dans la région de la Capitale nationale de 1601, en Outaouais de 1162, dans les Laurentides de 1139, à Laval de 1117 et au Saguenay de 807.
L’allongement des délais d’attente inquiète également le FRAPRU. Selon des chiffres de la Société d’habitation du Québec, à la fin de 2008, il fallait en moyenne trois ans et quatre mois pour qu’un ménage puisse entrer dans un HLM au Québec. C’est cinq mois de plus qu’en 2006. La situation est encore pire à Montréal où le délai moyen d’attente atteignait quatre ans et trois mois, soit huit mois de plus que deux ans auparavant. François Saillant s’en inquiète : «Les ménages qui croupissent sur des listes d’attente ne sont peut-être pas sans logis, mais ils paient jusqu’à 50 %, 60 %, 80 % de leur revenu pour se loger dans des logements qui sont souvent de mauvaise qualité ou trop petits pour leurs besoins. Ca aussi, ce sont des cas d’urgence».
Le FRAPRU réclame donc non seulement que le gouvernement québécois poursuive et intensifie ses investissements en logement social dans le cadre de l’actuel programme AccèsLogis qui permet la réalisation de coopératives d’habitation et de logements sans but lucratif, mais aussi qu’il se dote dès cette année d’un programme permettant à nouveau la construction de HLM.
Une aide plus permanente aux sans-logis
Pour sa part, Marie-José Corriveau, organisatrice au FRAPRU, a insisté une nouvelle fois sur la nécessité que le gouvernement Charest révise ses règles quant à l’attribution des suppléments au loyer d’urgence pour les ménages qui sont toujours sans logis. Elle n’accepte pas que cette aide financière soit systématiquement refusée à des ménages qui n’ont pas renouvelé leur bail ou qui ont été évincés de leur ancien logement (sauf pour reprise de possession). Elle estime aussi que le gouvernement devrait financer un nombre suffisant de suppléments au loyer pour ne pas avoir à soumettre les ménages à un ordre de priorités qui trie les sans-logis sur la base de leur aptitude ou non au travail et de la présence ou non d’enfants.
Sur ce dernier point, le FRAPRU fait remarquer que l’intervention faite plus tôt cette semaine par la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse a convaincu la Société d’habitation du Québec de modifier les balises administratives régissant l’accès à un SLO pour éviter de donner l’impression que les personnes seules et les couples sans enfant étaient totalement exclus de l’aide. Selon Mme Corriveau, «le résultat risque cependant de ne pas être très différent, puisque c’est seulement s’il reste des suppléments au loyer que les personnes seules et les couples sans enfant pourront y avoir accès».
Des échanges avec plusieurs Offices municipaux d’habitation et groupes communautaires intervenant dans des villes aux prises avec la pénurie de logements à bas loyer a par ailleurs convaincu le FRAPRU de la nécessité que le Québec se dote d’un programme permettant d’offrir une aide aux ménages qui se retrouvent sans logis tout au cours de l’année. «Plusieurs offices municipaux ou groupes nous ont dit qu’il ne faisait plus de distinctions entre le 1er juillet et le reste de l’année, puisque c’est à tout moment que des ménages peuvent devenir sans logis, surtout dans le contexte économique actuel. Le gouvernement doit s’ajuster aussi à cette réalité», conclut Marie-José Corriveau.
Renseignements: François Saillant, (514) 522-1010, (514) 919-2843 (cellulaire); Marie-José Corriveau, (514) 522-1010, (514) 708-1050 (cellulaire); A Québec: Véronique Laflamme, (514) 231-2309 (cellulaire)