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Communiqué

MONTREAL, le 6 mars – Même si leur situation s’est considérablement améliorée au cours de la dernière décennie, les femmes demeures locataires dans une beaucoup plus grande proportion que les hommes et, quand c’est le cas, elles courent davantage de risques de se retrouver en difficulté. C’est ce message que quatre organisations nationales, dont trois de femmes, ont voulu livrer à l’approche du 8 mars, Journée internationale des femmes.

Davantage locataires et mal-logées

Se basant sur les données du recensement de 2006, Marie-José Corriveau, organisatrice au Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), affirme que «même si les choses se sont améliorées, les problèmes de logement ont encore aujourd’hui un sexe».

Ainsi, malgré une progression constante de l’accès à la propriété parmi les ménages ayant une femme comme principal soutien financier, ceux-ci demeurent locataires dans une proportion de 50,2 % à l’échelle du Québec. Ce pourcentage n’est que de 32,6 % lorsque c’est un homme qui est dans la même situation.

Les différences se font par ailleurs sentir au sein même des ménages locataires. Ainsi, le revenu médian des ménages ayant une femme comme principale source de revenu est inférieur de 7500 $ par année à celui des hommes. C’est ce qui explique que le pourcentage de locataires consacrant un pourcentage trop élevé de leur revenu au loyer soit plus élevé chez les femmes. En 2006, 260 950 ménages, représentant 40,1 % des femmes locataires, payaient plus que la norme de 30 % de leur revenu en loyer. Chez les hommes, ce pourcentage est de 30,8 %. Par ailleurs, pour 112 780 femmes, représentant 17,3 % de l’ensemble, c’est plus de la moitié du revenu qui passe au loyer.

Nesrine Bessaih, coordonnatrice à l’R des Centres de femmes du Québec, précise que «les problèmes de logement constituent une des manifestations majeures de la pauvreté des femmes qui fréquentent les centres.»

Michèle Asselin, présidente de la Fédération des femmes du Québec, craint quant à elle que ces chiffres gonflent avec la crise économique qui s’amorce : «Actuellement, on entend beaucoup parler de pertes d’emplois dans des secteurs majoritairement occupés par les hommes, mais les femmes qui occupent bien souvent des emplois dans le secteur des services et des commerces en subiront inévitablement les contrecoups». Elle précise qu’au sortir de la récession du début des années 1990, c’est une femme sur quatre qui devait consacrer plus de la moitié de son revenu en loyer.

L’autre crise…

Les quatre organisations ont par ailleurs tenu à rappeler que les femmes demeurent aux prises avec la rareté de logements locatifs qui affecte à des degrés divers presque tous les centres urbains du Québec.

Marie-José Corriveau, du FRAPRU, précise que ce sont les familles, en particulier celles à revenu faible et modeste, qui sont les principales victimes de cette pénurie.

A l’échelle du Québec, le taux de logements inoccupés n’est que de 1,4 % dans les logements de trois chambres à coucher et plus, ce qui est très loin du taux d’équilibre fixé à 3 %. Dans certaines villes comme Val d’Or, Rimouski, Montmagny, Matane ou Roberval, pas un seul logement familial n’est présentement à louer. Dans la région métropolitaine de Québec, il n’y en a que 5 sur 1000.

Madame Bessaih ajoute qu’une telle rareté est propice à la discrimination. «Certaines femmes vont jusqu’à cacher le fait qu’elles sont mères parce qu’elles se sont vues refuser des logements trop souvent à cause de la présence des enfants. Et celles qui appartiennent à une minorité visiblesont doublement discriminées.»

Selon Louise Riendeau, coordonnatrice des dossiers politiques au Regroupement provincial des maisons d’hébergement et de transition pour femmes victimes de violence conjugale, cette pénurie vient sérieusement compliquer le travail de ces maisons. «Des femmes hébergées dans nos maisons pourraient en sortir si elles se trouvaient un logement convenableà un prix qu’elles puissent payer, mais elles n’y parviennent tout simplement pas. Pendant ce temps, d’autres femmes qui ont un urgent besoin d’être hébergées sont condamnées à attendre.»

A quelques semaines du budget, les quatre organisations demandent à la ministre des Finances du Québec, Mme Monique Jérôme-Forget, de prévoir des investissements substantiels et à long terme en logement social, de manière à augmenter l’offre de logements locatifs, aider davantage de ménages dans le besoin et prévenir les impacts négatifs de la crise.

Renseignements: Marie-José Corriveau, FRAPRU, (514) 522-1010, (514) 386-1040 (cellulaire); Michèle Assellin, FFQ, (514) 232-4847; Nesrine Bessaih, RCFQ, (514) 876-9965; Louise Riendeau, RPMHTFVVC, (514) 878-9134 poste 223, (514) 220-1057 (cellulaire)

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