Le Vendredi 15 août 2008
Pour la Ligue des droits et libertés, les évènements de Montréal-Nord doivent être l’occasion de revoir les façons de faire
publié par Ligue des droits et libertésL’enquête demandée devra se pencher sur les points suivants :
– faire toute la lumière sur ce qui s’est passé lors de l’intervention policière du 9 août dernier au parc Henri-Bourassa et les jours suivants dans le Nord de Montréal;
– revoir tous les mécanismes d’enquêtes, y compris l’actuelle « politique ministérielle » de confier l’enquête criminelle impliquant des policiers à un autre corps de police, à la faveur de mécanismes dont la transparence et l’indépendance ne peuvent être mises en doute;
– analyser l’intervention des policiers auprès des minorités visibles;
– analyser le travail des policiers dans le contexte des gangs de rue et évaluer la formation et la préparation nécessaires pour faire face à ce phénomène;
– se pencher sur les pratiques de profilage racial;
– identifier des mesures gouvernementales efficaces à suffisamment long terme pour solutionner les problèmes socio-économiques vécus dans des quartiers tels que Montréal-Nord;
– lier la problématique de sécurité publique avec la problématique économique et sociale.
«Pour l’instant, rien n’indique que l’enquête démarrée par la Sûreté du Québec (SQ) suite au décès de M. Villanueva diffère de celles qui ont blanchi les policiers impliqués dans les décès récents de M. Quilem Régistre (décédé à Saint-Michel en octobre 2007) et de M. Mohamed Anas Bennis (tué dans Côtes-des-Neiges le 1er décembre 2005)», s’inquiète Me Philippe Robert de Massy, militant de la Ligue.
Outre l’enquête par un autre corps de police, les autres avenues qui s’offrent aux victimes de bavures policières, telles l’investigation et l’enquête publique d’un coroner, la plainte en déontologie ou la poursuite au civil, donnent généralement des résultats limités et nécessitent une persévérance et une patience à toute épreuve. «Les sentiments d’impunité des policiers et les reproches de profilage racial relevés avec raison par plusieurs membres des minorités visibles vont perdurer si on ne revoit pas les façons de faire», ajoute Me Robert de Massy.
La Ligue des droits et libertés remet également en question toute l’intervention gouvernementale face aux problèmes qui se vivent à Montréal-Nord et ailleurs. «La police ne règlera pas les problèmes de pauvreté, de chômage et d’exclusion sociale, elle n’en a surtout pas la mission ni la formation appropriée», affirme Me Nicole Filion, coordonnatrice de la Ligue. «L’affirmation, le respect et la promotion des droits économiques, sociaux et culturels pour tous et toutes et la fin de la discrimination sont porteurs de solutions nettement plus durables que la judiciarisation des problèmes sociaux», précise Me Filion.
Si toute la lumière sur les circonstances entourant le décès de M. Villanueva doit être faite aussi rapidement que possible, l’occasion doit être également saisie pour enquêter sur les manières de faire, aussi bien du travail des forces de l’ordre que de l’intervention gouvernementale envers les populations exclues socialement. Et surtout pour proposer des stratégies porteuses d’inclusion sociale.
Pour conclure, la Ligue des droits et libertés entend suivre attentivement le déroulement de l’enquête de la SQ. Elle attend du gouvernement des actions concrètes pour corriger les mécanismes d’enquête quand un policier est impliqué, pour améliorer le travail des policiers auprès des minorités et pour mettre fin aux conditions de vie dramatiques dans lesquelles sont contraint-e-s de vivre trop de Québécois et de Québécoises. La Ligue appelle les autres groupes de défense des droits et d’aide aux populations exclues de faire entendre leur voix pour obtenir ensemble les changements qui s’imposent.
Pour plus d’informations : André Trépanier, 514-715-7727 (cellulaire) ou 514-849-7717 poste 424