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Communiqué

Nos craintes par rapport au déploiement du Plan Santé se confirment, hélas. (Grandes inquiétudes face à la réforme du réseau de la santé). Le premier ministre François Legault, dans l’entrevue qu’il a accordée à La Presse le 4 mars, ressort encore une fois l’argument de l’efficacité à tout prix pour justifier une réforme majeure du Réseau de la santé (et de l’éducation). Cette réforme, menée par le ministre Dubé, s’inscrit en droite ligne avec celles des Barrette, Charest et Bouchard qui, tour à tour, nous ont servi « centralisation », « réingénierie » et « déficit zéro ». Ces visions entrepreneuriales, qui n’ont pas fait leurs preuves, mises sur les structures. Elles mettent en péril la démocratisation du Réseau public et menacent le droit à la santé, sans réel débat public.

Une « super Agence » qui ne garantit pas une meilleure accessibilité

La CAQ souhaite créer l’Agence Santé Québec, une société d’État, comme Hydro-Québec, à la tête de laquelle trônera un PDG nommé par le gouvernement lui-même. Sous le prétexte d’une meilleure accessibilité, les pouvoirs seront centralisés entre les mains d’une seule personne, dont l’indépendance sera d’ailleurs à démontrer. De ce fait, l’Agence s’interposerait entre le gouvernement et les dirigeants des CISSS et des CIUSSS qui perdraient alors en autonomie en devenant de simples exécutants des orientations ministérielles. Une gestion bien peu mobilisante!

Nous questionnons les conséquences qu’aura cette réforme sur les personnes les plus vulnérabilisées et marginalisées et sur les organismes communautaires qui les soutiennent. Il nous apparaît difficile d’entrevoir les pouvoirs et marges de manœuvre que conserveront les acteurs sur le terrain. Qu’adviendra-t-il des particularités des milieux si les orientations, les budgets et les cibles à atteindre sont décidés très loin du terrain, par le ministère? Une réforme de cette ampleur est-elle justifiée si l’objectif vise à centraliser des données fiables et uniformisées?

À notre avis, cette concentration des pouvoirs accentuera plutôt la déconnexion entre les décisions et les besoins du terrain. Il s’agit d’une réelle perte de démocratie citoyenne et collective qui aura pour effet de laisser pour compte un grand pan de la population. Les organismes communautaires que nous représentons le constatent au quotidien, puisque c’est à leurs portes que viennent cogner celles et ceux qui en font les frais. Leur travail de proximité permet de comprendre les besoins exprimés et, surtout, de proposer des solutions adaptées qui, elles, ont fait leurs preuves.

Augmenter le recours au privé et au communautaire : la solution?

L’État délègue de plus en plus ses responsabilités au privé, entreprises comme fondations philanthropiques, avec des résultats plus ou moins heureux, ce que le milieu communautaire a dénoncé et dénonce encore grandement. Mais comment peut-on encore croire que la privatisation améliore l’accessibilité et réduit les coûts du système? On nous promet que les services confiés au privé seront remboursés par la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ). Or, nous savons que le recours au privé nous coûte plus cher collectivement (ex. : les agences de placement), affaiblit le Réseau public et met en péril un des principes centraux de notre système public de santé : l’universalité des soins à la population. Cette nouvelle réforme se fera-t-elle encore sur le dos des groupes communautaires et au profit du privé?

Le ministre Dubé considère le milieu communautaire comme un dispensateur de services dans « la première ligne du futur », alors qu’il a pourtant lui-même reconnu leur autonomie dans la Politique de reconnaissance et de soutien de l’action communautaire. Les organismes d’action communautaire autonome ne veulent d’aucune manière être traités et considérés comme des sous-traitants du gouvernement. Ils se sont développés de manière alternative, parfois complémentaire au Réseau, mais ne peuvent aucunement se substituer à lui pour répondre aux besoins de la population.

« Continuons » vers où et pour qui?

La CAQ semble vouloir nous imposer unilatéralement une réforme centralisatrice qui pousse encore plus loin celle du ministre de la Santé de l’époque, Gaétan Barrette. Au nom de la justice sociale, nous ferons entendre nos voix pour empêcher cette centralisation, privatisation et sous-traitance qui compromet le droit à la santé de toutes et tous.

*Le Regroupement intersectoriel des organismes communautaires de Montréal (RIOCM) compte plus de 350 membres, des organismes communautaires de Montréal œuvrant principalement en santé et services sociaux. Il est entre autres interlocuteur privilégié du milieu communautaire auprès du réseau de la santé montréalais.

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