Montréal, le 23 août 2021
Le REM de l’Est en aérien… Inacceptable également dans l’Est de Montréal
Dans votre édition de la Presse + du 23 août, vous avez consacré un long article très bien documenté au sujet du Sky Train de Vancouver et au fait que cette ville refusait qu’il soit construit en structures aérienne.
Toutefois, à partir de ce moment, comme cela est trop souvent le cas, vous ne vous êtes presqu’uniquement soucié du centre-ville de Montréal. Il serait temps que vos journalistes, vos chroniqueurs et vos experts franchissent cette frontière et viennent faire une visite dans ce lieu si lointain nommé « Est de Montréal ». Ils pourraient peut-être constater que, là aussi, un train en structure aérienne est inacceptable, qu’il va charcuter des parcs, qu’il va créer des nuisances pour des milliers de citoyens et dévitaliser des quartiers. C’est vrai pour Hochelaga-Maisonneuve, c’est également vrai pour notre quartier de Mercier-Est.
C’est que, voyez-vous, il y a des gens qui vivent dans l’est de l’Île et qui ne veulent pas d’une mini autoroute Métropolitaine surmontée d’un haut attirail électrique au cœur de leur quartier vivant. Ils ne veulent pas d’un train passant à dix ou douze mètres de la fenêtre de leur salon ou de stations encore plus proches. Ils ne veulent rien savoir du bruit, des vibrations, de la laideur de cet aménagement.
Trop de gens sont peu ou mal informés des caractéristiques et conséquences de ce train maudit. Les membres du Collectif en environnement Mercier-Est (CEM-E) mènent des activités de sensibilisation à ce sujet deux fois par semaine depuis près de deux mois. Nous constatons que plus de 70 % des gens rencontrés ignorent tout de la nature du REM et de ses impacts sur les autres modes de transport collectif. Toutefois, lorsqu’ils comprennent qu’il s’agit d’un train en structures aériennes, ils rejettent presqu’unanimement ce projet.
À ne parler que du centre-ville, vous alimentez cette méconnaissance des enjeux qui touchent les quartiers de l’est de l’Île de Montréal et renforcez le sentiment que ses citoyens ne comptent pas vraiment.
Par ailleurs, le projet du REM de l’Est, outre son tracé discutable, le fait qu’il soit aérien sur vingt kilomètres, comporte tellement d’autres aspects inacceptables que nous nous demandons comment il se fait que vos journalistes ne s’y intéressent pas davantage. Comme des redevances garanties à CDPQ Infra (8% dans le cas du REM de l’ouest), un contrat de 99 ans, renouvelable, la possibilité de le revendre à n’importe qui dans le monde après cinq ans, des clauses de non-concurrence qui vont nuire au développement du transport collectif, etc. Le simulacre de consultation tenu cet été n’a permis d’analyser correctement ni les diverses composantes du REM, ni ces sujets brûlants et trop souvent occultés.
Le CEM-E espère qu’un jour prochain, La Presse + s’attardera à ces aspects qui constituent des dérives graves de gouvernance, ainsi qu’une privatisation masquée du transport collectif à Montréal.
D’ici là, le CEM-E va poursuivre ses activités et encourager les autres regroupements de citoyens, partis politiques et personnalités à s’opposer à ce projet qui, à terme, n’apportera rien de bon à la société montréalaise.