Carrefour Citoyen – Près de 15% des gens du Plateau travaillent sans sortir de la pauvreté

C’est ce que révèle, pour le quartier, l’étude de la Conférence régionale des élus de Montréal : « Quand le travail n’empêche pas d’être pauvre », qui vient de sortir. Et encore ne s’agit-il que des travailleurs de 25 ans et plus. Si l’on ajoute les 15-24 ans qui travaillent à bas salaire, soit 34.1%, on arrive à près de 18% (17.9). Est pauvre le travailleur qui travaille à temps plein et qui a un revenu, avant impôt, de 20,800$. Or, le seuil de faible revenu, après impôt, à Montréal, se chiffre à 20,512$ pour une famille de deux personne et à 25,542$ pour une famille de trois personnes.

Des membres du Groupe-Ressource du Plateau, lors de leur dernier Carrefour citoyen, ont voulu vérifier l’essentiel de l’étude. Première constatation : le monde du travail a changéconsidérablement et l’ancien « prêt-à-penser » officiel qui avançait que le travail permettait de sortir de la pauvreté vient d’en prendre pour son rhume. De même, l’acharnement à obliger les personnes assistées sociales à ré intégrer, à n’importe quelle condition, le marchédu travail révèle-t-il sa naïveté ou sa mauvaise foi.

Pourquoi en est-il ainsi? Tous ces gens qui travaillent, et en particulier ceux qui ont des charges familiales, ont un salaire trop bas et des conditions qui obligent à de hautes voltiges. Ils ont toutes les chances d’être des travailleurs à temps partiel, à contrat temporaire, cumulant deux emplois, rivés aux appels d’une agence, des « autonomes » qui courent de contrat à contrat. Dans un tel contexte, il devient difficile de faire des projets à long terme, comme celui d’élever une famille et d’avoir une maison, d’éviter la détresse psychologique, de ne pas se replier sur soi et de couper les liens avec son milieu et de n’avoir pas de temps ou d’énergie pour aller à une rencontre publique. En prime, les divers droits sociaux reconnus aux travailleurs à plein temps leur sont retranchés. Ce qui signifie que cette situation ne concerne pas seulement le salaire mais l’exercice concret de ses droits sociaux. Notre société se casse-t-elle de plus en plus rapidement en deux?

Mais y a-t-il des solutions en vue? Les membres se sont quittés en se promettant de les examiner lors de leur rencontre de juin.