Le Mercredi 6 janvier 2016
Dénombrement ponctuel national des sans-abri : des portraits incomplets, des conséquences à redouter
publié par Réseau solidarité itinérance du QuébecPour diffusion immédiate
Dénombrement ponctuel national des sans-abri :
des portraits incomplets, des conséquences à redouter
Montréal, le 6 janvier 2016 – Le gouvernement du Canada a fait savoir hier qu’il dirigera le premier grand dénombrement ponctuel des personnes sans-abri dans l’ensemble du Canada avec la même méthodologie partout au pays. Cette initiative souhaite fournir des renseignements essentiels aux collectivités participantes au sujet de leur population itinérante, qui les aideront à déterminer leurs besoins et à planifier les ressources en conséquence. Ce type d’exercice permet de documenter une partie du phénomène afin de déceler des tendances au niveau de l’itinérance visible, mais il ne constitue absolument pas un portrait fidèle de la situation afin d’orienter les mesures et les ressources à destination des personnes en situation ou à risque d’itinérance.
« Un tel exercice de dénombrement ponctuel ne permet pas de quantifier de manière précise l’ensemble des personnes en situation d’itinérance. Un grand nombre de personnes en situation d’itinérance sont écartées de telles enquêtes, principalement les femmes, les jeunes, les personnes autochtones et les personnes issues de communautés culturelles, mais aussi la très grande majorité des personnes en situation d’itinérance cycliques ou cachées. Si des données non valides sont utilisées pour la mise en place de politiques publiques et d’initiatives, ces mesures seront non adaptées et ne parviendront pas à apporter des solutions à l’itinérance au Canada. », affirme Jean-François Mary, coordonnateur du Réseau SOLIDARITÉ Itinérance du Québec (RSIQ).
Les différents dénombrements ponctuels amènent des constats similaires, ce type d’enquête permet de documenter une partie du phénomène, il permet de déceler des tendances s’il est fait périodiquement. Les données d’une seule journée ne permettent pas de chiffrer la population itinérante qui se caractérise par sa diversité et par un taux de roulement important alors que des personnes sortent de l’itinérance et que d’autres arrivent dans la rue. Ainsi, les dénombrements ponctuels donnent une image faussée de l’ampleur et de la nature du phénomène en sous-estimant l’itinérance cyclique et cachée et en surestimant l’itinérance chronique.
Le RSIQ considère hasardeux d’annoncer que le dénombrement ponctuel est un moyen pour les collectivités et le gouvernement fédéral d’orienter l’action et les ressources à partir de ces données. « Étant donné les limites des données recueillies, il est périlleux d’orienter les ressources sur cette base. Il est essentiel d’agir sur toutes les réalités de l’itinérance au Canada, notamment en prévention. » conclut Jean-François Mary.
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Pour plus d’informations
RSIQ : Jean-François Mary – 514 659-4733 – [email protected] – http://www.rsiq.org
Le Réseau SOLIDARITÉ Itinérance du Québec œuvre depuis 1998 à la défense des droits des personnes à risque ou en situation d’itinérance. Réunissant 14 concertations régionales regroupant plus de 300 groupes, le RSIQ mène différentes actions afin de défendre les droits des personnes en situation d’itinérance, d’améliorer leurs conditions de vie et de permettre aux organismes de réaliser leur mission d’aide aux plus vulnérables. Acteur incontournable dans la question de l’itinérance, le RSIQ a joué un rôle majeur dans la mise en place et dans l’adoption en février 2014 d’une Politique nationale de lutte à l’itinérance, cette politique globale étant le fruit d’une demande portée par notre regroupement depuis 2006.