Le Mercredi 10 décembre 2014
À Montréal-Nord, logement rime toujours avec pauvreté
publié par Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU)Montréal, le 9 décembre 2014 – La pauvreté ne régresse pas à Montréal-Nord, les problèmes de logement non plus. C’est le constat qu’ont tiré le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) et le Comité logement Montréal-Nord, lors d’une conférence de presse tenue, aujourd’hui, après une action au bureau du député fédéral, Emmanuel Dubourg. Ils ont appuyé leur affirmation sur des données inédites provenant de l’Enquête nationale auprès des ménages (ENM), menée en 2011 par Statistique Canada. La conférence de presse s’inscrivait dans une tournée nationale de présentation du Dossier noir sur le logement et la pauvreté publié par le FRAPRU à partir des données de l’ENM.
Marie-José Corriveau, responsable des dossiers montréalais au regroupement national, a expliqué que 10 590 ménages locataires de Montréal-Nord doivent consacrer plus de 30 % de leur revenu pour se loger. Il s’agit de 42,5 % des locataires de l’arrondissement, ce qui est supérieur à la moyenne enregistrée à l’échelle du Québec (37 %) et de Montréal (40 %). Selon Mme Corriveau, « les gouvernements eux-mêmes considèrent que verser plus de 30 % de ses revenus pour se loger oblige les ménages à couper dans leurs autres besoins essentiels et, au premier chef, dans la nourriture; or, c’est, mois après mois, le cas de plus de 4 ménages locataires sur 10 à Montréal-Nord ».
Elle a ajouté qu’« une part significative de ces ménages vivent une réalité encore plus extrême, 5135 d’entre eux engloutissant plus de moitié de leur revenu en loyer dont 2215 plus de 80 % ». Il s’agit, dans ce dernier cas d’une augmentation de 18 % par rapport au recensement de 2006.
Selon le FRAPRU, les ménages locataires de Montréal-Nord ont un revenu médian de 9 % inférieur à la moyenne montréalaise, alors que le loyer médian, lui, n’est que de 5 % plus bas. « C’est cette pauvreté qui explique que les problèmes de logement soient encore plus dramatiques à Montréal-Nord; or, elle, ne se résorbe pas, puisque le revenu n’y a augmenté que de 6,6 % entre 2006 et 2011, alors que le loyer, lui, progressait de 9,4 % », a conclu Marie-José Corriveau.
Des ménages encore plus durement touchés
Marie-Éve Lemire, coordonnatrice du Comité logement Montréal-Nord, a, pour sa part, dressé le portrait des ménages les plus touchés par les problèmes de logement. « Sous les chiffres rendus publics par le FRAPRU pour Montréal-Nord, on retrouve une nette majorité de femmes locataires, de personnes vivant seules ou de familles monoparentales, de ménages âgés entre 15 et 24 ans et, à l’autre bout de la pyramide des âges, de locataires de 75 ans et plus.
Elle s’est par la suite attardée sur la situation vécue par les ménages ayant immigré au Canada entre 2006 et 2011 : « Les nouveaux arrivants représentent plus de 9 % des locataires de Montréal-Nord. Or, la moitié d’entre eux verse plus que la norme de 30 % de leur revenu en loyer. Pire encore, 15 % des ménages issus de l’immigration récente sont condamnés à en payer plus de 80 % ». Comme si ce n’était pas suffisant, 33 % de ces ménages vivent dans un logement de taille insuffisante, alors que ce pourcentage est de 14 % parmi l’ensemble des locataires de Montréal-Nord.
Vraiment pas à la hauteur
Dans un autre ordre d’idées, Marie-Ève Lemire a souligné jusqu’à quel point le marché privé de l’habitation s’est désintéressé des locataires de Montréal-Nord : « De 2011 à 2013, à peine 7 logements locatifs ont été mis en chantier à Montréal-Nord, alors que c’était le cas de 326 unités de condominiums. C’est 47 fois moins! »
« La réalisation de nouveaux logements sociaux est incontournable dans un tel contexte », ajoute-t-elle, en soulignant que « Montréal-Nord est un enfant pauvre en matière de logement social ». Ce dernier compte pour 11 % de l’ensemble des logements locatifs à Montréal, mais uniquement pour 6 % à Montréal-Nord. Marie-Ève Lemire considère que l’ancienne municipalité paie lourdement pour le refus de nouveaux HLM de la part de l’ex-maire, Claude Ryan, qui l’a dirigé pendant 38 ans : « Il y a un sérieux rattrapage à faire à Montréal-Nord qui compte 1458 ménages en attente de HLM alors que l’arrondissement n’a que 448 logements de ce type ».
Le FRAPRU revendique le financement de 50 000 logements sociaux en cinq ans au Québec, notamment par la mise sur pied d’un programme permettant à nouveau la construction de HLM, qui est totalement arrêtée depuis le début de 1994. Parmi ces logements, 1125 pourraient se réaliser à Montréal-Nord.
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