Le Mardi 4 novembre 2014
« La situation des locataires de Côte-des-Neiges est misérable », selon le FRAPRU, Projet Genèse et l’OEIL
publié par Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU)Montréal, le 03 novembre 2014 – « Difficile de penser à un autre mot que « misérable » pour qualifier la situation des locataires qui représentent 79 % des ménages de Côte-des-Neiges ». C’est en ces mots que le coordonnateur du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), François Saillant, a dressé le portrait des conditions de logement dans ce quartier multiethnique de Montréal, lors d’une conférence de presse organisée en collaboration avec Projet Genèse et l’Organisation d’éducation et d’information logement de Côte-des-Neiges (OEIL de Côte-des-Neiges).
Selon des statistiques provenant de l’Enquête nationale auprès des ménages, menée en 2011 par Statistique Canada, 15 675 ménages, comptant pour 46 % des locataires du quartier, paient plus que la norme de 30 % de leur revenu en loyer. De ce nombre, 9215, soit 27 % des locataires, en versent plus de la moitié. Pire encore, 5060 passent plus de 80 % de leur revenu uniquement pour se loger. Il s’agit de 15 % des locataires.
François Saillant considère que « l’ampleur et la gravité des problèmes de logement vécus à Côte-des-Neiges dépasse de loin la réalité, pourtant très difficile, vécue à l’échelle de la ville de Montréal ». Selon lui, c’est la faiblesse du revenu des locataires, jumelée au coût élevé des loyers, qui explique cette situation. Le revenu médian des locataires de Côte-des-Neiges est en effet de 29 900 $, ce qui inférieur de 2800 $ à celui des autres locataires de Montréal. Le loyer médian, lui, atteint 716 $ par mois, soit 32 $ de plus qu’à l’échelle de la ville.
De 2006 à 2011, le revenu des ménages locataires de Côte-des-Neiges n’a progressé que de 4,5 %, alors que les loyers, eux, ont augmenté en moyenne de 10 %.
Pire pour les nouveaux arrivants
Christopher Schwartz, organisateur communautaire au Projet Genèse, a, pour sa part, insisté sur la réalité vécue par les 6220 ménages locataires arrivés au pays entre 2006 et 2011 : « Si on doit qualifier la situation générale des locataires de Côte-des-Neiges de désastreuse, elle est tout simplement scandaleuse dans le cas des nouveaux arrivants ».
Toujours selon les données de l’Enquête nationale auprès des ménages, 51 % des locataires issus de l’immigration récente consacrent plus de 30 % de leur revenu en loyer, 32 % plus de la moitié et 19 % plus de 80 %.
De plus, 39 % de ces ménages habitent un logement surpeuplé, alors que la moyenne générale est de 22 % dans le quartier et de 12 % à l’échelle de Montréal.
Le logement social, incontournable dans Côte-des-Neiges
Selon M. Schwartz, « la réalisation massive de logements sociaux s’impose non seulement en raison de la pauvreté des locataires de Côte-des-Neiges, mais aussi parce que les promoteurs ont carrément délaissé le logement locatif dans le quartier ».
Des rapports de la Société canadienne d’hypothèques et de logement révèlent qu’à peine 9 logements locatifs ont été mis en chantier depuis 2011 dans un vaste secteur comprenant, outre Côte-des-Neiges, Notre-Dame-de-Grâce, Outremont, Côte Saint-Luc, Ville Mont-Royal, Westmount, Hamstead et Montréal-Ouest. Or, la construction de 1597 unités de condominiums y a été amorcée durant la même période. « C’est 177 fois plus de condos que de logements de location », se désole M. Schwartz qui y voit une raison additionnelle de réclamer que le logement social soit privilégié dans le développement du terrain de l’ancien hippodrome Blue Bonnets.
« Le développement de ce vaste terrain est une occasion à ne pas rater », s’exclame-t-il, en ajoutant que « l’ampleur des besoins de Côte-des-Neiges justifie amplement la construction d’au moins 2500 logements sociaux sur le site »
Le FRAPRU, qui mène présentement une tournée à travers le Québec pour présenter le Dossier noir sur le logement et la pauvreté qu’il vient de publier, met finalement le gouvernement libéral de Philippe Couillard en garde contre toute volonté de réduire ou même d’abolir le financement de nouveaux logements sociaux, à l’occasion de l’examen des dépenses gouvernementales auquel il est en train de se livrer. François Saillant conclut en disant qu’ « il serait indécent, compte tenu de la réalité vécue à Côte-des-Neiges comme ailleurs au Québec, de couper dans des budgets déjà largement insuffisants consacrés au logement social». Le FRAPRU réclame le financement de 50 000 nouveaux logements sociaux sur cinq ans à l’échelle du Québec.
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