Le Lundi 28 avril 2014
Rapport Godbout-Montmarquette : silence complaisant et catastrophisme
publié par Institut de recherche et d’informations socioéconomiquesMONTRÉAL, le 25 avril 2014 – Le rapport d’experts sur l’état des finances publiques du Québec reste silencieux sur les origines de la diminution des revenus de l’État et amplifie exagérément la croissance des dépenses à prévoir. Ce biais amène les auteurs du rapport à proposer des mesures qui vont aggraver les problèmes dénoncés.
« Le rapport constate une nouvelle diminution des revenus de l’État à hauteur de 480 M$, mais ne souffle pas un mot sur ce qui explique ces revenus inférieurs aux prévisions. Or, en juin dernier nous prévenions le gouvernement que ses stratégies d’austérité en matière de contrôle des dépenses auraient précisément cet effet en maintenant le Québec dans le marasme économique. Le mélange entre l’endettement croissant des ménages – causé par la stagnation des salaires – et la stagnation économique est toxique pour le Québec. MM. Leitão, Godbout et Montmarquette s’entêtent, tout comme M. Marceau auparavant, à continuer dans la même voie néfaste qui étouffe l’économie. Le rapport publié aujourd’hui cite le Fonds Monétaire International. Pourtant, depuis des mois, celui-ci exhorte les différents pays du monde à s’abstenir de faire davantage appel à l’austérité. » constate Simon Tremblay-Pepin, chercheur à l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS).
« Leur analyse noircit inutilement le portrait. Ils annoncent un trou important de 3,2 G$ pour 2014-2015 en se fondant uniquement sur les coûts de reconduction des programmes. Or, ils admettent d’emblée que depuis les trois dernières années, les dépenses réelles sont en deçà des coûts de reconduction. En lançant des chiffres de cette ampleur, ils alimentent un catastrophisme qui nuit à la compréhension de la situation budgétaire du Québec », souligne Eve-Lyne Couturier, chercheure à l’IRIS.
« Évidemment, les solutions sont à l’avenant. Les mêmes propositions qu’on entend sans cesse depuis 2010 sont ramenées ici : compressions budgétaires, hausse des tarifs, diminution des impôts. MM. Godbout et Montmarquette invitent même à une privatisation partielle d’Hydro-Québec ou de la SAQ. Toutes ces options perpétueraient le marasme économique, ce qui ferait encore diminuer les entrées de revenus et continuerait à nous garder prisonniers de la logique d’austérité-stagnation. Au contraire, une politique publique qui s’attaque aux problèmes réels du Québec s’assurerait de combattre la crise climatique par d’importants investissements dans la transition écologique, ce qui aurait aussi pour effet de stimuler l’économie et d’équilibrer le budget de l’État. » conclut Simon Tremblay-Pepin.