Campagne électorale – Les futurs élus ont-ils décroché de l’éducation?

MONTRÉAL, LE 2 AVRIL 2014 – Alors qu’un sondage réalisé par la firme Léger, en octobre 2013, révélait que quatre Québécois sur cinq se disaient préoccupés par le décrochage scolaire, il semble que la tenue d’élections provinciales ait suffi pour que cette préoccupation s’évanouisse dans l’atmosphère, au profit de l’économie, la santé et la question identitaire. C’est du moins ce que donne à penser la quasi-inexistence de tout ce qui concerne l’éducation dans la présente campagne électorale. Le Regroupement des organismes communautaires québécois de lutte au décrochage (ROCQLD) ne peut que déplorer cette apparente amnésie collective.

Comment justifier une telle lacune alors que l’impact du décrochage scolaire aussi bien sur l’économie que sur la santé des Québécois est fort bien documenté? Quant à l’identité d’un peuple, faut-il vraiment rappeler ce qu’elle doit nécessairement à la qualité de l’éducation publique? À ce propos, il y a actuellement trois fois plus d’élèves du réseau public qui quittent le secondaire sans diplôme ni qualification qu’il y en a au secteur privé. L’école publique québécoise a donc manifestement besoin de réajuster le tir. Et elle n’y arrivera pas seule.

Le ROCQLD estime que c’est le devoir des futurs élus, au-delà des enjeux électoraux, de porter une vision large, inclusive et innovante en matière de lutte au décrochage scolaire. Malheureusement, on cherche en vain dans les déclarations des candidats, un ensemble de mesures qui paraissent suffisamment consistantes et diversifiées face à une problématique dont on sait qu’elle nécessite des interventions multidisciplinaires. Dans un contexte où la concertation intersectorielle est devenue essentielle, aucun parti, par exemple, ne mise véritablement sur les organismes communautaires de lutte au décrochage (OCLD), partenaires pourtant incontournables qui œuvrent au quotidien auprès de milliers de jeunes et de parents partout au Québec.

Bien sûr, en consultant les diverses plateformes, on constate que chaque parti met de l’avant un certain nombre d’initiatives qui ne manquent pas de pertinence. Toutes cependant, laissent place à d’importants questionnements et tendent trop souvent à se réduire à quelques mesures phares dont la portée nous paraît trop limitée pour relever de façon durable le défi de la persévérance et de la réussite scolaires.

Conscient de l’importance de ce défi et de la difficulté qu’il comporte, c’est dans un esprit qui se veut d’abord constructif que le ROCQLD exprime aujourd’hui ses principales attentes à l’ensemble des partis :

• Que soit maintenu l’engagement du gouvernement actuel pour le Pilier Solidarité et les 4 millions $ pour le rehaussement du financement à la mission des organismes communautaires du secteur de l’éducation.

• Que des mesures de soutien spécifiques soient mises en place pour les jeunes en situation de précarité (qui doivent subvenir seuls à leurs besoins) et pour qui un retour aux études est matériellement impossible.

• Que des mesures concrètes de lutte à la pauvreté soient arrimées aux interventions en lutte au décrochage scolaire ciblant les milieux défavorisés.

• Que les organismes communautaires de lutte au décrochage (OCLD) soient considérés comme des partenaires essentiels dans les politiques ou mesures ciblant le décrochage scolaire.

Profil du ROCQLD

Le Regroupement des organismes communautaires québécois de lutte au décrochage représente une soixantaine d’organismes communautaires autonomes, issus des besoins identifiés par les milieux, qui ont en commun la volonté de travailler à contrer le décrochage scolaire. Répartis dans 12 régions du Québec, les membres du ROCQLD rejoignent plus de 30 000 jeunes et parents chaque année.

SOURCE :

Michel Plamondon, analyste
ROCQLD
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