Le Mardi 28 janvier 2014
Cooccurrence des troubles mentaux et des dépendances : l’ACRDQ réclame un décloisonnement des services
publié par Association des centres de réadaptation en dépendance du QuébecMONTRÉAL, le 28 janv. 2014 – À l’occasion du Forum national sur le plan d’action en santé mentale, qui se tient aujourd’hui à Montréal, l’Association des centres de réadaptation en dépendance du Québec (ACRDQ) s’est prononcée sur l’importance de reconnaitre la prévalence de la cooccurrence des troubles mentaux et de dépendance, et a insisté pour accorder une plus grande place à la comorbidité dans l’organisation des services de santé.
Plus de 50 % de la clientèle des centres de réadaptation en dépendance (CRD) du Québec présente un problème de santé mentale. Du point de vue de l’Association, il ne fait aucun doute que cette réalité commande un décloisonnement des services, c’est-à-dire une organisation particulière où se conjuguent les expertises des centres de réadaptation en dépendance et des équipes de santé mentale de première ligne, afin de mieux desservir cette clientèle.
Reconnaitre la comorbidité et l’expertise en CRD
Bien que les CRD aient déjà mis en place plusieurs mesures pour mieux répondre aux besoins de la clientèle souffrant à la fois de troubles mentaux et de dépendance, l’Association constate que peu de place est accordée à ce sujet dans le Plan d’action en santé mentale 2014-2020 proposé par la Direction de la santé mentale du MSSS. La première recommandation qu’elle formule consiste d’abord à « consacrer une section du plan d’action exclusivement au suivi des personnes présentant une comorbidité ».
Dans la même foulée, l’ACRDQ demande que l’on tienne compte davantage du fait que la très grande majorité des clientèles qui font appel aux CRD présentent plutôt un trouble mental léger ou modéré (troubles de l’humeur, troubles anxieux ou troubles de la personnalité), alors que le plan d’action met l’accent sur l’intervention auprès des clientèles aux prises avec les troubles mentaux les plus sévères et persistants (schizophrénie, psychose, personnes suicidaires, etc.), prônant ainsi une réponse qui ne s’adresse qu’à une petite partie des clientèles présentant des troubles concomitants de dépendance et de santé mentale.
Aussi, en raison de la cooccurrence très fréquente des troubles mentaux et des problèmes de dépendance et dans une optique de réseaux intégrés de services, l’Association recommande « le déploiement de professionnels répondants experts en troubles concomitants, soit des professionnels œuvrant en CRD détenant à la fois une expertise en dépendance et une expertise en santé mentale, lesquels répondants seraient également très utiles aux équipes de santé mentale en première ligne et aux équipes de suivi intensif dans le suivi des clientèles présentant une comorbidité ».
L’accès aux psychiatres et aux omnipraticiens
Les 27 équipes de liaison spécialisées en dépendance, déployées par les CRD dans les urgences des centres hospitaliers du Québec, ont amené une clientèle présentant un portrait clinique plus complexe de comorbidité (notamment, présence de crise suicidaire). Faute d’avoir accès à l’expertise d’un psychiatre ou d’un omnipraticien, le CRD doit souvent se résoudre à retourner la clientèle à l’hôpital pour obtenir un avis spécialisé ou pour confirmer un diagnostic. Devant l’incongruité et l’inefficacité de la situation, l’ACRDQ recommande que « les CRD puissent avoir accès aux psychiatres répondants et aux omnipraticiens pour les soutenir auprès des clientèles présentant une comorbidité ».
Enfin, l’Association constate une fois de plus la non-existence de corridors d’accès pertinents pour les clientèles aux prises avec un trouble mental. Actuellement, les CRD – un réseau de services spécialisés de 2e ligne – ne peuvent les diriger directement vers d’autres services de 2e ou de 3e ligne en santé mentale ou faire appel directement à ces services, malgré l’expertise développée par leurs professionnels. C’est pourquoi l’Association recommande « l’établissement de corridors et de mécanismes d’accès aux services formalisés et bidirectionnels entre les partenaires de la santé mentale et de la dépendance, qui soient respectueux de l’expertise de chacun ».
À propos de l’ACRDQ
L’Association des centres de réadaptation en dépendance du Québec (ACRDQ) regroupe tous les centres publics de réadaptation en dépendance (CRD) du réseau de la santé et des services sociaux, parmi lesquels elle compte un institut universitaire, le CRD de Montréal – Institut universitaire. Répartis sur l’ensemble du territoire québécois, les CRD constituent une référence incontournable en matière de services spécialisés de réadaptation des personnes aux prises avec des problèmes sévères d’abus et de dépendance à l’alcool, aux drogues ou au jeu. Ils offrent des services d’accueil, d’évaluation et d’orientation, des services de désintoxication, des services de réadaptation externes ou avec hébergement, des services de soutien à l’entourage, des traitements de substitution et de la réinsertion sociale. Chaque année, les centres interviennent auprès d’environ 55 000 personnes, dont des adultes, des jeunes et leur entourage.
Depuis plus de 20 ans, l’ACRDQ exerce un leadership soutenu dans le déploiement de l’offre de service en dépendance au Québec, en faisant la promotion d’une meilleure complémentarité des services avec les réseaux communautaire et privé, en favorisant la normalisation de la pratique dans les CRD, et en assurant le continuum de services avec les instances de première ligne.