Le Lundi 27 janvier 2014
Les canadiens sont frustrés par la non-possibilité d’accéder à de nouveaux anticancéreux à prix abordable
publié par L’ Association canadienne du cancer colorectalLes récentes recommandations négatives en matière de financement des nouveaux médicaments contre le cancer du côlon suscitent beaucoup d’inquiétudes
MONTRÉAL, le 27 janv. 2014 – Une étude menée par l’Institut Fraser et publiée le 7 novembre 2013 a révélé que la santé de plus de 5 000 patients canadiens atteints de cancer aurait été négativement touchée par la lenteur des procédures fédérales et provinciales d’approbation du remboursement. À la suite de cette étude, le pan-Canadian Oncology Drug Review (pCODR) a récemment formulé des recommandations négatives concernant le financement de deux traitements contre le cancer colorectal métastatique (CCRm).
En effet, le pCODR n’a pas appuyé le financement public du régorafenib (Stivarga®), un nouveau traitement contre le CCRm et la première nouvelle option thérapeutique contre cette maladie depuis 2006. En outre, le pCODR n’a pas recommandé le financement du cétuximab (Erbitux®) pour le traitement de première intention des patients atteints de CCRm non résécable dont les tumeurs expriment le gène KRAS de type sauvage. Ces recommandations négatives ont suscité la déception des patients, des soignants et de toute la communauté concernée par le cancer du côlon, d’autant plus que les deux traitements représentent de nouvelles options viables en présence de cancer colorectal à un stade avancé.
Il est très important pour les patients canadiens que ces nouveaux médicaments efficaces soient homologués rapidement et commercialisés à un prix abordable. L’étude de l’Institut Fraser, intitulée Potential Impact of Delayed Access to Five Oncology Drugs in Canadai, qui s’est penchée sur cinq anticancéreux (dont le bévacizumab [Avastin®] contre le CCRm), a démontré que si les patients avaient eu accès à ces nouveaux médicaments, 1 696 années-patients auraient pu être ajoutées à leur vie. Ces conclusions font suite à une étude antérieure menée en 2012, Access to New Oncology Drugs in Canada Compared with the United States and Europeii, qui a révélé que les procédures d’examen et d’approbation des nouveaux anticancéreux au Canada prennent deux fois plus de temps qu’aux États-Unis.
Le processus du pCODR tente de résoudre le problème de la lenteur de l’approbation, en autorisant l’examen d’un médicament avant ou pendant l’étude effectuée par Santé Canada. Le processus du pCODR permet également aux groupes de patients d’apporter leur contribution dans le cadre de l’examen, ce que l’Association canadienne du cancer colorectal (ACCC) considère comme crucial. L’ACCC craint que le pCODR ne donne pas assez d’importance à l’apport des groupes de patients.
«Il est vrai que la médecine de précision/personnalisée n’en est qu’à ses premiers balbutiements et que le coût de ces nouveaux produits peut être élevé; cependant, l’avantage pour la société et les patients qu’offre la mise au point de ces nouveaux médicaments ne devrait pas être tel que les patients en soient privés, uniquement à cause de leur coût», a déclaré Barry D. Stein, le président de l’ACCC.
À mesure que de nouveaux biomarqueurs sont découverts, les médicaments de précision ne seront administrés qu’aux patients qui peuvent réellement en bénéficier. L’assemblée de l’American Society of Clinical Oncology Gastrointestinal Cancers (ASCO GI), tenue récemment à San Francisco, a souligné l’importance des mutations du gène RAS dans la détermination des sous-groupes de patients qui pourraient profiter des médicaments ciblés. Lorsque les personnes porteuses de ces mutations seront cernées, l’incidence économique de ces médicaments diminuera puisque seuls les patients qui répondront au traitement pourront le recevoir.
«Il y a un énorme besoin à combler pour ce qui est de ces nouveaux médicaments au Canada, et leur coût ne devrait pas être le facteur déterminant pour les patients atteints d’une maladie métastatique. Ces traitements pourraient ne pas être curatifs, mais ils peuvent ajouter un temps précieux à la vie des patients en phase terminale; et cela compte beaucoup», a ajouté M. Stein.
Le pCODR se prononcera sur les autres nouveaux traitements contre le cancer ainsi que les médicaments plus anciens à la lumière des nouvelles options thérapeutiques. L’ACCC s’inquiète vraiment que les patients canadiens se retrouvent dans la situation regrettable où ils seront privés du droit de bénéficier de ces nouveaux médicaments.
«En tant que patient qui continue de me battre contre mon cancer colorectal, je peux témoigner de l’importance des nouveaux traitements pour les personnes comme moi, a indiqué Stephen Dunn à Toronto. Lorsque vous êtes atteint d’un cancer à un stade avancé, il est inconcevable de mettre un prix au temps supplémentaire que vous pouvez passer auprès de vos proches.»
L’ACCC continuera de collaborer avec le pCODR et les régimes d’assurance-maladie provinciaux responsables des listes des médicaments dans l’ensemble du pays, afin de garantir l’accès des patients canadiens atteints de cancer aux nouveaux médicaments efficaces lorsqu’ils sont indiqués. Les Canadiens atteints de cancer méritent un accès rapide, abordable et équitable aux thérapies susceptibles de prolonger leur vie et d’en améliorer la qualité, lorsque celles-ci sont prescrites par leur médecin et quand les circonstances le dictent.
À propos du cancer colorectal
Le cancer colorectal, soit le cancer du côlon ou du rectum, est la deuxième cause de décès dû au cancer au Canada. Bien que le cancer colorectal puisse facilement être guéri lorsqu’il est dépisté à un stade précoce, environ 23 300 cas de cancer colorectal seront diagnostiqués au Canada et, malheureusement, environ 9 200 personnes en décéderont.
Le cancer colorectal touche les hommes et les femmes de façon presque égale. Un homme sur 13 et une femme sur 16 pourraient souffrir de cette maladie au cours de leur vie. Un homme sur 28 et une femme sur 32 en décéderont.
À propos de l’ACCC
L’Association canadienne du cancer colorectal est le plus importante organisme à but non lucratif au pays qui a pour objectif de sensibiliser le public au cancer colorectal, de soutenir les patients, d’appuyer les programmes nationaux de dépistage et de promouvoir l’accès équitable et rapide aux options thérapeutiques efficaces qui améliorent l’issue clinique des patients.
RÉFÉRENCES________________________
i https://www.fraserinstitute.org/?id=20569 (site consulté le 10 décembre 2013).
ii https://www.fraserinstitute.org/?id=18744 (site consulté le 10 décembre 2013).