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Communiqué

MONTRÉAL, le 9 mai 2013 – Sept ans après la première plainte adressée au gouvernement à l’égard des petits cigarillos aromatisés1 et à l’aube de la Journée mondiale sans tabac, des pédiatres et parents du Québec joignent leur voix au directeur de santé publique de Montréal et aux groupes de lutte contre le tabac afin de réclamer du ministre de la Santé des modifications législatives pour contrer le problème persistant de l’aromatisation des produits du tabac.

Pour les membres de ce front commun, il ne fait pas de doute que l’aromatisation est une stratégie de marketing ayant pour but d’encourager l’expérimentation d’un produit qui est en apparence moins dommageable. Selon le Dr Richard Massé, directeur de santé publique de l’Agence de la Santé et des services sociaux de Montréal, « l’initiation est au cœur de la lutte au tabagisme. Celui ou celle qui expérimente avec le tabac a de fortes chances d’y rester accroché. L’industrie le sait très bien, et c’est pourquoi elle utilise toutes sortes de tactiques pour recruter de nouveaux jeunes fumeurs. Plusieurs grandes autorités de santé, dont l’Organisation mondiale de la Santé, sont d’avis que les saveurs ajoutées aux produits du tabac, incluant le menthol, constituent un facteur favorisant l’initiation des jeunes aux produits du tabac. C’est pourquoi nous demandons au gouvernement du Québec le renforcement de la Loi sur le tabac pour interdire l’ajout de saveurs, quelles qu’elles soient, dans tout produit de tabac. »

Le Dr Massé précise que les petits cigares aromatisés contiennent autant, sinon plus de nicotine que les cigarettes régulières, et sont donc aussi susceptibles d’entraîner une dépendance.

Même son de cloche du côté de l’Association des pédiatres du Québec : « Il est devenu très difficile pour les pédiatres, qui travaillent jour après jour à traiter et conseiller les enfants et les adolescents, de constater la liberté octroyée à cette industrie meurtrière à qui on permet de recruter de nouvelles générations de fumeurs grâce à des produits aux goûts et parfums agréables et amusants. Les produits aromatisés sont sur le marché depuis au moins 2004. Le gouvernement a déjà attendu beaucoup trop longtemps, » souligne sa présidente, la Dre Pascale Hamel.

Pour le président de la Fédération des comités de parents du Québec, les parents sont bien conscients de leur rôle primordial dans l’éducation de leurs enfants, mais ne peuvent que déplorer l’influence du marketing des compagnies de tabac hors de la maison. Selon M. Gaston Rioux, « la santé des enfants demeure la chose la plus importante au monde. Certes, nous les parents avons un rôle crucial à jouer dans la prévention du tabagisme. En effet, je ne connais pas un parent qui n’ait pas déjà informé, à maintes reprises, ses enfants des dangers du tabac ! Mais il y a une limite à ce que nous pouvons faire. Nous ne pouvons pas contrôler le genre de produits que l’industrie met en marché pour piquer la curiosité de nos jeunes. »

« Pour nous, il n’y a rien de plus évident que la nécessité d’interdire l’aromatisation du tabac avec des saveurs de fruits, de bonbons, et même au café latté qui gagne rapidement en popularité auprès des adolescents. Le gouvernement du Québec se doit d’assurer une cohérence entre ses messages contre le tabagisme et son environnement législatif : il doit interdire les saveurs dans les produits du tabac », affirme M. Rioux.

Un exemple éloquent du rôle joué par les parents dans l’éducation des jeunes et leur frustration face à la légalité de ces produits est Mme Kate Conner, une mère de quatre enfants qui a récemment écrit une lettre à son député et aux médias déplorant la présence de ces produits dans son quartier. « Mon mari et moi travaillons fort pour élever nos enfants dans l’environnement le plus sain possible. Mes enfants grandissent vite et essaient de découvrir qui ils sont, ce qui implique l’expérimentation et la formation de leurs propres identités en dehors de notre foyer. »

« L’idée qu’il y ait un produit sur les tablettes de nos dépanneurs qui leur rende l’usage du tabac plus attrayant et plus facile m’effraie. Je fais ma part pour sensibiliser mes enfants aux dangers du tabagisme, mais le gouvernement doit aussi faire la sienne. Lui seul peut empêcher les pratiques sournoises et immorales comme l’aromatisation du tabac dans les plus brefs délais, » a renchéri Mme Conner.

Citant le cas du Brésil où une norme interdisant l’aromatisation de l’ensemble des produits du tabac, y compris le menthol, entrera en vigueur en septembre 2013, Mme Flory Doucas, porte-parole de la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac, précise que plusieurs juridictions à travers le monde sont déjà intervenues pour contrer l’ajout d’aromatisants au tabac. La Coalition implore le ministre de la Santé du Québec d’emboiter le pas afin de protéger nos jeunes contre cette stratégie de l’industrie du tabac.

« Le Parti québécois s’est engagé, lors de la dernière campagne électorale, à réviser la Loi sur le tabac2. On s’attend donc à ce que l’aromatisation des produits du tabac soit traitée dans le cadre de cette révision. Ce n’est pas si compliqué : le Québec n’a qu’à reprendre la liste des additifs développée par Santé Canada, qui fait l’objet de l’interdiction fédérale pour les cigarettes et les petits cigares, y ajouter le menthol et en étendre l’interdiction à tous les produits du tabac vendus au Québec, » a conclu Mme Doucas.

Historique :
Les données de l’Institut de la statistique du Québec montrent qu’entre 2006 et 2008 (la dernière année couverte par l’enquête), la popularité du cigarillo dépassait celle de la cigarette.3
Voyant un problème comparable à l’échelle canadienne, les groupes de santé s’étaient initialement tournés vers le fédéral, ce qui a mené à l’adoption en 2009 d’une loi fédérale (C-32) interdisant l’aromatisation des cigarettes et petits cigares (à l’exception du menthol).
Or, la loi fédérale s’est avérée un échec monumental, ayant été facilement déjouée par l’industrie, qui a tout simplement fignolé ses produits pour échapper à la définition légale d’un « petit cigare ».
Aujourd’hui, on retrouve sur le marché une gamme de produits de tabac aromatisés, incluant des « cigares » presque identiques aux anciens cigarillos aromatisés (maintenant interdits par C-32).
Faits saillants* :
22 % des jeunes Québécois de la 6e année du primaire à la 5e du secondaire ont déjà consommé un produit du tabac aromatisé, comparativement à 17 % pour les jeunes dans l’ensemble du Canada (2010/11).4
Presque autant de jeunes du secondaire au Québec ont fumé un produit du cigare aromatisé au cours du dernier mois comparativement à ceux qui ont fumé une cigarette (10 % versus 12 %, respectivement).5
Il s’est vendu 388 % plus de cigares/cigarillos au Québec en 2011 qu’en 2000 et ce, malgré la baisse des dernières années suite à l’interdiction des étalages.

VOIR le document-synthèse sur l’aromatisation des produits du tabac au Québec
http://www.yss.uwaterloo.ca/results/yss10_EN_Provincial%20Report_QC_20120514.pdf

5 Propel Center for Population Health Impact, Tobacco Use in Canada : Patterns and Trends, 2013 Edition, Université de Waterloo, 2013, page 86. http://www.tobaccoreport.ca/2013/TobaccoUseinCanada_2013.pdf


Source et information:

Flory Doucas, codirectrice et porte-parole : 514-598-5533; cell. : 514-515-6780.
Lise Chabot, Relations médias, Agence de la santé et des services sociaux de Montréal, 514 286-5709

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