Le Jeudi 1 novembre 2012
Service à domicile (SAD) – L’urgence d’investir devant des besoins croissants
publié par L’Institut de recherche en économie contemporaineMONTRÉAL, le 1er nov. 2012 – Dans une note d’intervention de l’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC) sur les services à domicile, deux chercheurs demandent au gouvernement de rétablir une démarche de délibération publique avec les acteurs concernés par la politique québécoise des services à domicile. « Il faut continuer de miser sur une politique qui structure l’offre plutôt que la demande de services. Une offre plurielle et solidaire devra être conçue dans la perspective d’une plus grande intégration des réseaux de première ligne », ont déclaré Gilles L, Bourque et Yves Vaillancourt, respectivement chercheur à l’IRÉC et professeur émérite à l’UQAM.
« L’idée de base, poursuivent-ils, est de concevoir un ensemble cohérent de services basé sur les valeurs d’accessibilité et de justice sociale. C’est au nom de ces valeurs que devra être pensée la complémentarité des initiatives relevant du secteur public (réseau de la santé et des services sociaux) avec celles du monde coopératif et communautaire (économie sociale ou tiers secteur) et celles du marché privé. La politique des services à domicile doit continuer à relever du secteur public, c’est-à-dire des infirmières et des auxiliaires familiales et sociales des centres de santé et services sociaux (CSSS), tout en se préoccupant d’améliorer les arrangements institutionnels concernant le personnel du tiers secteur ».
La cohorte des 85 ans
Les chercheurs démontrent que la cohorte des baby-boomers s’approchant du seuil des 85 ans va constituer un important facteur de croissance des dépenses publiques si rien n’est fait dès maintenant. « Des efforts supplémentaires devront être faits, disent-ils, pour aider les personnes âgées à améliorer leur espérance de vie en bonne santé et à assurer le plus longtemps possible leur autonomie ».
Ils constatent aussi que le développement des services à domicile souffre de lacunes générées par un problème chronique de sous-financement : tendance à la privatisation, insuffisance de l’aide apportée aux proches aidants, partage de responsabilités mal défini concernant le rôle de certains fournisseurs de services, mauvaises conditions de travail des employés du secteur privé et du tiers secteur, listes d’attente décourageantes de plusieurs personnes en besoin urgent de services, etc. « La politique des soins à domicile n’a jamais obtenu les moyens financiers et les appuis politiques requis pour constituer une véritable solution d’ensemble. Les CLSC n’ont jamais eu les moyens adéquats pour agir », déplorent les chercheurs.
La politique libérale
Gilles L. Bourque et Yves Vaillancourt soulignent « qu’avec seulement quelques centaines de nouvelles places en CHSLD, des investissements minimes dans les services à domicile et la poursuite en douce de la politique de privatisation des services qui, par définition, conduit à une dégradation de la qualité des services pour les moins nantis, la politique libérale sur la vieillesse présentée en mai 2012 ne répond pas aux enjeux réels ».
Bien que l’ancien gouvernement libéral ait annoncé des investissements additionnels de 71,6 millions $ dans les services à domicile, l’analyse permet aux chercheurs de constater que « le budget additionnel pour les entreprises d’économie sociale en aide domestique (EÉSAD) au terme de ce plan de cinq ans n’aurait été, dans la réalité, que de 20 millions $ », ont conclu les deux chercheurs.
Renseignements :
André Laplante, IRÉC, (514) 258-4798 (téléphone cellulaire) Courriel : [email protected]