Le Jeudi 18 octobre 2012
Une Commission populaire enquête sur le respect du droit au logement en Gaspésie et aux Îles-de-la-Madeleine
publié par Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU)GASPÉ, QC, le 17 oct. 2012 – C’est pour brosser un portrait de la situation du logement dans la région Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine que la Commission populaire itinérante sur le droit au logement était de passage à Gaspé, aujourd’hui. La Commission, formée à l’initiative du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), a entendu les témoignages de personnes directement aux prises avec des problèmes de logement. Des organismes actifs dans la lutte contre la pauvreté et dans le développement de logements sociaux et communautaires ont aussi eu l’occasion de se faire entendre. L’audience était organisée en collaboration avec le Groupe ressource en logements collectifs Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine.
L’objectif de la Commission est de vérifier si le droit au logement est adéquatement respecté dans les 17 régions administratives du Québec. Elle veut également évaluer les impacts de toute violation de ce droit sur d’autres droits qui y sont reliés par exemple ceux à l’alimentation, à la santé, à la sécurité, à l’égalité, à l’éducation, à la justice, etc. La Commission a commencé ses travaux au Nunavik, le 12 octobre. Elle les poursuivra jusqu’au 23 novembre. Elle rédigera par la suite un rapport qui sera soumis aux gouvernements fédéral et québécois, avant leurs budgets de mars 2013.
La Commission, qui est indépendante du FRAPRU, est au total formée de quatorze personnes dont deux ont siégé à Gaspé, soit Céline Bellot, professeure à l’École de service social de l’Université de Montréal et membre du Collectif de recherche sur l’itinérance, la pauvreté et l’exclusion sociale, ainsi que Dolores Durbau, locataire impliquée depuis plusieurs années dans différents organismes communautaires.
Jacinthe Cyr, directrice du Groupe ressource en logements collectifs Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, a fait ressortir certaines caractéristiques des locataires de la région : « Dans la région, les ménages locataires ont une femme comme principal soutien financier, dans une proportion de 57 %. C’est beaucoup plus que la moyenne du Québec. Les personnes âgées de plus de 65 ans y sont également davantage représentées, puisqu’elles comptent pour 27 % des locataires contre 21 % au Québec. » Elle précise que la ville même de Gaspé fait exception dans ce domaine, puisque les personnes de plus de 65 ans n’y représentent qu’un locataire sur cinq.
Mme Cyr ajoute que la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine fait face à des difficultés particulières dans le domaine de l’habitation. Ainsi les logements locatifs y ont davantage besoin de rénovations majeures qu’ailleurs au Québec. Lors du recensement de 2006, 10 % des appartements avaient besoin de rénovations majeures dans la région, ce pourcentage montant à 11 % à Gaspé. L’offre de logements locatifs demeure également faible à Gaspé. Au printemps 2012, le taux de logements inoccupés n’y était que de 1,7 %, ce qui est bien en-dessous du taux 3 % considéré comme équilibré. Or, pas un seul logement locatif privé n’a été mis en chantier à Gaspé en 2011 et au cours des six premiers mois de 2012. Selon Mme Cyr, « le développement de logements sociaux et communautaires peut aider à compenser ce manque de logements locatifs ».
Avant l’audience de la Commission, une cinquantaine de membres du FRAPRU ont participé à une marche organisée par la Table des organismes communautaires de la MRC Côte-de-Gaspé, à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté. Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU, a souligné les liens entre le problème du logement et celui de la pauvreté : « Le taux de chômage est présentement de 12,6 % dans la région Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, alors que le taux d’aide sociale est de 9,5 %. Cela ne peut qu’avoir un effet sur la capacité de payer d’une partie des locataires. C’est bien beau de couper dans les autres besoins essentiels, au premier chef dans la nourriture, mais à un moment donné, tu n’y arrives tout simplement plus. C’est probablement ce qui explique que le nombre de causes pour non-paiement de loyer ait augmenté de 8,3 % en cinq ans au bureau de Gaspé de la Régie du logement. »
Mme Laflamme espère que la Commission va secouer ce qu’elle qualifie d’« indifférence » de la part des gouvernements : « En 2012-2013, les gouvernements fédéral et québécois n’ont financé qu’un total de 2 500 logements sociaux et communautaires à l’échelle du Québec. Lors de la campagne électorale, le Parti québécois s’est engagé à augmenter ce nombre à 3 000 au cours des cinq prochaines années. Non seulement cet engagement doit-il être respecté, mais il faut aller beaucoup plus loin si on veut répondre aux besoins des 261 000 ménages locataires québécois qui ont des besoins impérieux de logement ».
Elle ajoute que le gouvernement fédéral doit absolument augmenter sa propre contribution financière qui n’a jamais été aussi basse au cours des dix dernières années, tout en s’engageant à maintenir ses subventions à long terme aux logements sociaux existants : « Autour de 2000 logements sociaux, principalement des HLM, reçoivent des subventions du gouvernement fédéral depuis 25, 35 ou même 50 ans, dans la région Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine. Il faut s’assurer que ces logements demeureront en bon état et pleinement accessibles aux ménages à faible revenu et, pour le FRAPRU, cela passe par la poursuite des subventions qui doivent prendre fin graduellement au cours des prochaines années. Le gouvernement conservateur de Stephen Harper doit immédiatement garantir aux ménages à faible revenu qu’il ne laissera pas tomber ».
Renseignements :
Véronique Laflamme, FRAPRU, (418) 956-3403 (cellulaire)
Jacinthe Cyr, Groupe ressource en logements collectifs Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, (418) 364-3333
www.commissionpopulairefrapru.org
Twitter : #cpi_frapru