Montréal, 22 décembre 2011 – Équiterre dresse le bilan des évènements environnementaux marquants de l’année 2011.
Le Canada se retire de Kyoto
L’un des éléments les plus récents et certainement le plus marquant, au sens négatif du terme, aura été le retrait du Canada du protocole de Kyoto. En agissant de la sorte, le gouvernement Harper tourne non seulement le dos à la lutte aux changements climatiques, mais aussi à toutes les populations touchées par ses impacts, que ce soit à l’étranger ou au pays. Les impacts et dommages de cette décision prise par le Canada sur la réputation internationale du pays se font déjà sentir et seront certainement amplifiés en 2012. Alors qu’Ottawa se cache la tête dans le sable devant l’urgence d’agir, il semble que les élus provinciaux gardent le cap. Le Québec, entre autres, a réitéré son objectif de réduction des gaz à effet de serre de 20% sous les niveaux de 1990 d’ici 2020. D’ailleurs, le gouvernement du Québec a annoncé officiellement l’entrée en vigueur, dès janvier 2012, du nouveau système québécois de plafonnement et d’échange de droits d’émission de gaz à effet de serre.
Les discussions sur le climat à Durban en Afrique du Sud
C’est avec inquiétude et déception qu’Équiterre a quitté la Conférence des Nations Unies sur le climat de Durban après la conclusion d’une nouvelle entente internationale qui en fait trop peu pour éviter une hausse des températures de quatre degrés Celsius. La Conférence a tout de même donné lieu à certaines percées significatives comme la création d’un nouveau bloc de négociateurs composé de l’Alliance des petits États insulaires, les pays les moins développés ainsi que l’Union européenne.
Grande victoire temporaire pour freiner le projet Keystone XL
TransCanada Pipeline planifie la construction d’un immense projet d’oléoduc reliant l’Alberta au golfe du Mexique afin d’y exporter des millions de barils de pétrole en provenance des sables bitumineux. Posant une menace à certaines sources d’eau potable, le projet a soulevé un gigantesque mouvement de protestation des deux côtés de la frontière. Face à cette opposition, le président Barack Obama a suspendu temporairement la construction de l’oléoduc et a demandé à TransCanada Pipeline de revoir son tracé. Il faudra voir si les républicains à la Chambre des représentants tenteront de renverser cette décision.
En outre, le gouvernement canadien a poursuivi cette année sa vaste campagne de lobbying pour vendre les sables bitumineux à l’étranger. Par exemple, le Canada a tenté de contrer une directive européenne qui accorderait une plus haute intensité en carbone au pétrole provenant des sables bitumineux. Cette nouvelle réglementation, qui devrait être soumise au vote des membres du Parlement européen en début d’année 2012, a pour objectif de réduire de 6 % d’ici 2020, l’empreinte carbone des carburants fossiles utilisés en Europe.
Équiterre contre le transit du pétrole sale au Québec
Le projet Trailbreaker de la pétrolière Enbridge consiste, en partie, à inverser le flux d’un oléoduc situé entre Montréal et Sarnia en Ontario pour faire transiter du pétrole provenant des sables bitumineux par le Québec, puis vers Portland, au Maine, où il serait raffiné et exporté. Ce projet inclut aussi la construction et l’exploitation d’une station de pompage à Dunham, en Estrie, à laquelle Équiterre s’est opposé devant la Cour du Québec. Cette station menace des terres agricoles au fort potentiel pour la région.
Cet enjeu dépasse les limites de Dunham. Avec cette cause, Équiterre veut amener la Commission de protection des terres agricoles à forcer les organisations qui demandent un dézonage de fournir toutes les preuves qu’il n’y avait pas d’autres terrains disponibles en dehors d’une zone verte. Le juge devrait rendre son verdict en 2012.
La Maison du développement: mission accomplie!
Après plus de huit ans de travail acharné, la Maison du développement durable a ouvert ses portes en octobre dernier. En plein cœur du Quartier des spectacles de Montréal, l’édifice, en voie d’obtenir la première certification LEED platine pour un bâtiment commercial, va servir de modèle pour les promoteurs immobiliers et les entreprises en construction qui veulent prendre un tournant vert. L’ouverture de la Maison du développement durable représente aussi une amélioration de la condition de travail des bénévoles et des employés d’Équiterre qui oeuvrent désormais dans l’un des bâtiments les plus écologiques au Canada. La Maison du développement durable qui regroupe huit organisations à vocation sociale et environnementale a déjà accueilli plus de 5000 personnes lors de ses évènements.
Le Complexe Turcot sous surveillance
Ce projet de trois milliards de dollars représente le plus grand investissement en infrastructure routière de l’histoire du Québec. Équiterre et ses partenaires ont créé le Comité de vigilance Turcot qui a accueilli avec enthousiasme certaines modifications en ce qui concerne la taille prévue du nouvel échangeur. Toutefois, il reste encore beaucoup de travail à faire pour y inclure des mesures de transports collectifs afin de réduire la congestion routière et la pollution atmosphérique sur le territoire montréalais. Équiterre espère que le Ministère des Transports du Québec intègrera davantage le transport en commun et l’intermodalité dans d’autres projets routiers dans la province tels que l’échangeur St-Pierre et la rue Notre-Dame.
Adoption du Plan métropolitain d’aménagement et de développement (PMAD)
Équiterre se réjouit de l’adoption du PMAD par la Communauté métropolitaine de Montréal. Le PMAD prévoit un gel de cinq ans sur le dézonage de terres agricoles ce qui limitera l’étalement urbain. Équiterre aurait toutefois souhaité que le PMAD aille un peu plus loin en ce qui concerne les mesures d’accessibilité au transport collectif afin de réduire l’utilisation de la voiture solo et améliorer les conditions de vie des collectivités. Le PMAD vise à établir les balises du développement résidentiel, industriel et commercial pour les 82 municipalités de la région métropolitaine de Montréal, et ce, jusqu’en 2031.
Lancement du programme Feu vert
Financé par le ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs et géré par Équiterre, le programme Feu vert contribuera énormément à l’amélioration de la qualité de l’air dans la région métropolitaine. Des 85 000 poêles ou foyers au bois sur l’île de Montréal, la majorité ne répond pas aux standards actuels et ils contribuent aux épisodes de smog hivernal. Le chauffage résidentiel au bois est la principale source de particules fines au Québec, devançant le transport et le secteur industriel. Équiterre espère que le programme Feu vert permettra de retirer près de 4500 poêles ou foyers d’ici la fin de 2012, ce qui améliorera la qualité de l’air des Montréalais.
L’exploitation des gaz de schiste sous haute surveillance
Les soulèvements populaires de 2010 ont mené au dévoilement du rapport du Bureau d’audience publique en environnement (BAPE) sur les gaz de schiste. Le gouvernement québécois a ainsi mis en place un comité d’évaluation environnementale stratégique (ÉES) peu de temps par la suite. En 2010, l’organisme avait déjà publié un mémoire qui montrait que l’exploitation des gaz de schiste mettait en péril les objectifs de réductions de gaz à effet de serre établis par le gouvernement québécois pour 2020. L’organisme estimait que les émissions de l’industrie seraient d’au moins 5,7 mégatonnes en 2020. Évidemment, Équiterre suivra de près les travaux du comité dans les mois à venir.
L’achat local au cœur de nos préoccupations
Cette année, Équiterre a rendu public le vaste sondage pancanadien, Manger chez soi, pourquoi?, qui indiquait que trois Canadiens sur quatre priorisent l’achat local. Ce sondage prouve que les Canadiens souhaitent garder leur agriculture vivante et Équiterre entend poursuivre son travail pour faciliter la disponibilité des produits locaux auprès du public. De plus, au cours de l’année 2012, l’organisme poursuivra ses actions pour faire en sorte que les fruits et légumes locaux soient davantage intégrés dans les politiques d’achat des institutions (comme les hôpitaux, les écoles ou les centres de santé).
À cet effet, Équiterre suivra de près les consultations qui doivent se tenir sur le Livre vert et la nouvelle Politique bioalimentaire du Québec qui ont été maintes fois reportées. Équiterre y déposera entre autres le Manifeste du citoyen mangeur, signé par plus de 4500 Québécois, posant les conditions à un système alimentaire durable.
Quinze bougies pour le réseau d’agriculture soutenue par la communauté (ASC)
Il y a déjà 15 ans, Équiterre se lançait dans l’un des projets les plus ambitieux de sa courte histoire. Le réseau d’Agriculture soutenue par la communauté d’Équiterre, aussi connu sous le nom des fermiers de famille, figure maintenant parmi les plus importants réseaux du genre au monde avec une centaine de fermes et plus de 10 000 partenaires à travers le Québec. Équiterre a également publié en 2011 un livre intitulé L’agriculture soutenue par la communauté paru aux éditions du Berger qui résume les composantes de l’ASC sous tous ses angles.
À surveiller en 2012, Rio +20
En 1992, les Nations Unies tenaient, à Rio de Janeiro au Brésil, la première rencontre dédiée au développement durable, soit le Sommet de la Terre. Vingt ans plus tard, et à la suite d’une rencontre à Johannesburg en 2002, les Nations Unies seront de retour à Rio de Janeiro au Brésil pour accueillir le troisième sommet sur le développement durable, Rio+20. L’économie verte dans un contexte de développement durable, l’éradication de la pauvreté et l’amélioration des conditions de vie urbaines seront à l’ordre du jour.
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Source:
Émilie Vallières
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