Le Vendredi 4 novembre 2011
Expulsion du mouvement « Occupons Québec » : La Ligue des droits et libertés s’oppose à cette atteinte à la liberté d’expression
publié par Ligue des droits et libertésMontréal, le 3 novembre 2011 – Suite à la décision du maire Régis Labeaume d’ordonner l’éviction des manifestants du mouvement « Occupons Québec » dans le quartier Saint-Roch, la Ligue des droits et libertés exprime son opposition à cette atteinte injustifiée à l’exercice de la liberté d’expression. En regard des enjeux de société fondamentaux soulevés par les « indignés » de Québec, les raisons invoquées pour éteindre leurs voix apparaissent bien dérisoires. Le maire Labeaume prétend que les manifestants se sont fait entendre et qu’ils devraient maintenant rentrer chez eux, comme s’il était du ressort du maire de Québec de fixer les limites de la liberté d’expression de ses citoyens. La capacité de durer témoigne du sérieux des occupants et fait partie de leur message.
Ce mouvement international initié par les manifestants d’Espagne et de Wall Street lance un message politique qui devrait être préservé et non pas étouffé. La Ligue des droits et libertés rappelle à la population et aux élus que la liberté d’expression est reconnue comme étant le socle de la démocratie. Elle est reconnue dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et dans les pactes internationaux. Au Canada, elle est affirmée dans la constitution, dans la Charte canadienne des droits et
libertés et dans la Charte québécoise des droits et libertés de la personne. Il s’agit d’un droit fondamental déterminant pour la démocratie.
Comme l’a souvent souligné la Cour suprême, notamment dans KMart en 1999, l’espace public est un des seuls endroits qu’ont les membres les plus vulnérables de la société et les moins puissants pour faire entendre leurs voix.
Par ailleurs, les tribunaux s’entendent sur le principe qu’on ne peut limiter l’exercice de la liberté d’expression du seul fait qu’elle dérange, choque ou simplement parce qu’elle ne rencontre pas l’approbation ou les vues de certaines personnes ou de certains groupes.
Le mouvement d’occupations qui gagne la planète est, en soi, un message qui exprime les revendications des manifestants. Dans cette perspective, interdire ces occupations revient à bâillonner l’expression des manifestants et menace sérieusement la démocratie participative. L’argument de la sécurité invoqué pour mettre fin à l’occupation est pour le moins étonnant. D’autres municipalités qui vivent des occupations semblables depuis plus longtemps ne semblent pas éprouver des problèmes de sécurité insurmontables et essaient plutôt, comme Montréal jusqu’à présent, de trouver des aménagements avec les occupants.
Enfin, la Ligue des droits et libertés demande aux autorités de revenir sur leur décision et de respecter l’exercice du droit fondamental des citoyens de s’exprimer sur la place publique et, ainsi, de participer activement autant au nécessaire débat démocratique qu’à l’évolution de nos sociétés.
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Informations : Marie-Josée Béliveau, chargée des communications, Ligue des
droits et libertés, 514-715-7727 (cellulaire) ou 514-849-7717 poste 424.