Le Jeudi 9 juin 2011
Rapport sur le marché locatif de la SCHL : le 1er juillet sera encore difficile dans certaines régions
publié par Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU)Même si le prochain 1er juillet ne sera pas aussi critique qu’il y a dix ans, alors que la crise du logement avait éclaté au grand jour, il risque d’être difficile pour plusieurs ménages à faible revenu, en particulier pour les familles avec enfants. C’est le constat que le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) tire du Rapport sur le marché locatif publié ce matin par la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL).
Le FRAPRU fait remarquer que, si le taux général d’inoccupation des logements du Québec est demeuré stable à 2,4 %, ce ne fut pas le cas dans le secteur des logements familiaux de 3 chambres à coucher et plus où il a chuté de 2,0 % à 1,4 %.
Plusieurs régions demeurent par ailleurs aux prises avec une sévère pénurie. C’est particulièrement les cas en Abitibi. À Val d’Or, le taux est carrément à 0 % pour une quatrième année consécutive. À Rouyn-Noranda et Amos, il est respectivement de 0,6 % et de 0,4 %, ce qui est bien en dessous du point d’équilibre que la SCHL fixe à 3 %. Aucun logement familial n’est vacant dans les trois centres urbains de l’Abitibi. Le FRAPRU rappelle que plusieurs dizaines de ménages se sont retrouvés sans logis dans cette région, autour des derniers 1erjuillet.
La situation est aussi très tendue dans la région métropolitaine de Québec où le taux a remonté à 1 %. Selon Véronique Laflamme, organisatrice au FRAPRU dans la Capitale nationale, « le défi demeurera considérable pour les familles avec enfants, le taux de logements inoccupés étant de 0,8 % dans les 4 ½ et de 0,6 % dans les 5 ½ et plus ».
La pénurie semble avoir recommencé à s’aggraver à Gatineau où le taux de logements inoccupés a chuté de 2,8 % à 2,2 % entre les printemps 2010 et 2011.
La région métropolitaine de Montréal a aussi vu son taux de logements inoccupés, qui était stable depuis quatre ans, passer de 2,8 % à 2,4 %. Le FRAPRU considère que cependant que ce taux ne reflète pas totalement la réalité, la rareté étant beaucoup plus grande dans les logements familiaux. Le taux est en effet de 1,9 % dans les logements de 2 chambres à coucher et de 1 % dans ceux de 3 chambres à coucher et plus. François Saillant, coordonnateur du FRAPRU, considère que la construction de logements locatifs est anémique dans la région métropolitaine de Montréal : « En 2010, à peine 2472 logements locatifs ont été mis en chantier, alors que 10 457 l’ont été en condominiums. C’est encore pire depuis le début de 2011, alors que les mises en chantier de condos sont cinq fois plus importantes que celles de logements locatifs, soit 1978 contre 407… »
D’autres centres urbains connaissent aussi une rareté de logements locatifs. C’est le cas de la région métropolitaine de Saguenay où le taux de logements inoccupés est de 1,9 %, et de Sept-Ïles où il est tombé à 0,7 %
Ça a commencé en 2001
En juin 2001, le FRAPRU avait lancé un appel d’urgence qui, au début, n’avait pas été pris aux sérieux par les autorités politiques. Il avait alors déclaré qu’au moins 200 familles se retrouveraient sans logis au 1erjuillet, si les gouvernements ne mettaient pas en place des mesures d’urgence. Il y en a finalement eu 500!
Le FRAPRU avoue que la crise est moins vive qu’il y a dix ans, ce qui a fait fondre le nombre de sans-logis. François Saillant met cependant les autorités en garde : « C’est le logement social qui, pour une large part, a permis à la situation de s’améliorer. Ce n’est donc pas le moment de baisser la garde. Or, le dernier budget du gouvernement québécois a diminué du tiers le nombre de logements qu’il subventionnera en 2011-2012. Quant au fédéral, son aide financière est à zéro pour la première fois depuis dix ans ».
Il ajoute que la rareté de logements locatifs qui sévit depuis 2001 a entrainé une hausse du coût du logement qui rend difficile la recherche d’un appartement pour les ménages à plus faible revenu : « À Sherbrooke, par exemple, où le taux de logements inoccupés est à 3,7 % pour une deuxième année consécutive, l’Association des locataires vient déjà en aide à 22 ménages qui n’arrivent pas à se trouver un logement qui respecte leur capacité de payer. C’est plus que l’an passé à la même date et beaucoup plus qu’au plus fort de la pénurie en Estrie. Ce n’est pas étranger au fait que le coût mensuel moyen des logements de deux chambres à coucher y est passé 437 $ à 577 $ en l’espace de dix ans, pour une hausse de 32 % ».
Le FRAPRU recommande aux ménages qui ne se sont pas encore trouvé un toit d’entrer en contact le plus rapidement possible avec le comité logement ou l’association de locataires de leur municipalité et de mettre leur office municipal d’habitation au courant de leur situation. À Montréal, le numéro d’urgence est toujours le 514- 868-4002.