Le Mercredi 9 mars 2011
Les films québécois sont trois fois plus nombreux à mettre en scène le tabac que les films étrangers, ce qui incite davantage les jeunes d’ici à fumer
publié par Conseil québécois sur le tabac et la santéDévoilement de la première étude québécoise sur le tabac à l’écran et remise des prix Oxygène et Cendrier 2011
MONTRÉAL, le 9 mars – C’est aujourd’hui qu’ont été dévoilés les lauréats de la 2e édition des prix Oxygène et Cendrier, conjointement avec les résultats de la 1re étude sur l’utilisation du tabac à la télévision et au cinéma québécois, menée par des chercheurs de l’École des sciences de la gestion (ESG) de l’UQAM. Selon l’étude exploratoire Portrait de l’utilisation du tabac dans les films et les dramatiques québécoises, 75 % des 15 films québécois qui ont amassé les plus grandes recettes en 20101 contiennent du tabac. À titre de comparaison, parmi les 15 films étrangers2 les plus vus au Québec, seuls 27 % mettent en scène la cigarette3. Le film Lance et compte, 3e au box-office québécois de 2010, mérite le prix Oxygène du Conseil québécois sur le tabac et la santé parce qu’il ne contient aucune scène de consommation de tabac. Les amours imaginaires reçoit quant à lui le prix Cendrier parce que la cigarette y apparaît en moyenne à toutes les 59 secondes et qu’il véhicule une image cool et glamour du tabagisme auprès des jeunes.
Selon la toute première étude québécoise sur le tabac à l’écran, menée par Anik St-Onge, Lilia Boujbel et François Marticotte, professeurs et chercheurs au département de marketing de l’ESG UQAM, le film québécois qui contenait le plus de scènes de consommation de tabac au cours de la dernière année est Cabotins, suivi de l’Enfant prodige, puis de Piché : Entre ciel et terre et, toujours avec plus de 100 occurrences de tabac, Les amours imaginaires. Marie-Soleil Boivin, qui remettait aujourd’hui ces prix au nom du Conseil québécois sur le tabac et la santé, a expliqué ce choix. « Nous décernons le prix Cendrier au film Les amours imaginaires parce que la cigarette, en plus d’être présente en quantité excessive, est montrée de façon à valoriser le tabac. Dans ce film, la cigarette est associée à la rébellion et au caractère sexy des personnages, ce qui est très attrayant pour un public d’adolescents ou de jeunes adultes. »
On fume davantage à la SRC
Par ailleurs, l’étude de l’ESG UQAM nous apprend que 87 % des scènes de consommation de tabac à la télévision québécoise sont diffusées sur les ondes de Radio-Canada. Notons que les auteurs de l’étude se sont penchés sur un échantillon de quatre épisodes pour chacune des émissions dramatiques diffusées entre 19 h et 22 h à Radio-Canada, V télé et TVA, à l’automne 2010. À la SRC, quatre des sept émissions dramatiques diffusées à heure de grande écoute contenaient du tabac. « Il est inquiétant de constater qu’il y a autant de personnages fumeurs dans les séries dramatiques de la télévision d’état » affirme Mario Bujold, directeur général du Conseil québécois sur le tabac et la santé. « Je m’explique mal pourquoi on retrouve presque cinq fois plus de scènes de tabagisme à la SRC que dans les séries dramatiques de TVA et V combinées » ajoute Mario Bujold.
Une publicité insidieuse
Le cinéma peut influencer un jeune à allumer une cigarette pour la première fois. Il est maintenant reconnu que les jeunes fréquemment exposés à des scènes de tabac à l’écran surestiment le pourcentage de fumeurs réels4 et voient tripler leur risque de commencer à fumer5. Aujourd’hui, au Québec, 17 %6 des jeunes de 15 à 19 ans fument. Cela représente environ 82 000 adolescents, dont près de 36 000 auraient été initiés en raison de leur exposition au tabac à l’écran, selon l’étude TobaccoVector7.
« Les œuvres des créateurs cinématographiques ont une portée publique et il est important de sensibiliser la population et les artisans du cinéma aux effets de la présence du tabac à l’écran sur la santé des jeunes » explique Marie-Soleil Boivin, responsable de la campagne de sensibilisation sur le tabac à l’écran. L’objectif des prix Oxygène et Cendrier n’est pas de bannir toute présence du tabac dans les films et à la télévision, mais de limiter son utilisation à des scènes qui l’exigent pour dépeindre la vraisemblance du récit, du personnage ou de l’époque. « Si les images de tabac n’avaient aucune influence sur la consommation tabagique des jeunes, cette campagne n’aurait aucune raison d’être » a tenu à préciser la responsable de cette campagne.
FilmSANSfiltre.ca
La remise des prix Oxygène et Cendrier s’inscrit dans une campagne de sensibilisation, mise en œuvre par le Conseil québécois sur le tabac et la santé, qui vise à faire connaître l’effet de la présence du tabac à l’écran sur l’initiation tabagique des jeunes. Pour plus d’information sur cette problématique, visitez le tout premier site francophone spécialement conçu sur les différents aspects de la problématique du tabac à l’écran au www.filmSANSfiltre.ca. Cette campagne est réalisée grâce au soutien financier de Santé Canada.
- Données du box-office fournies par Cinéac
- Idem.
- Données tirées du site SceneSmoking.org
- Public reaction to the portrayal of the tobacco industry in the film The Insider, Dixon, Hill, Borland, Paxton, Tobacco Control, 2001
- Effect of viewing smoking in movies on adolescent smoking initiation: a cohort study, Dalton, Sargent, Beach, Titus-Ernstoff, Gibson, Ahrens, Tickle, Heartherton, The Lancet, 2003
- Enquête de surveillance de l’usage du tabac au Canada (ESUTC), 2009
- Tobacco Vector, Jonathan Polansky, réalisée pour l’organisme Médecins pour un Canada sans fumée, 2010
Renseignements:
Nathalie Juteau, agente aux relations médias et communications, Conseil québécois sur le tabac et la santé, T : 514.948.5317, poste 229, cell : 514.653.2062