Le Lundi 21 février 2011
Les locataires résistent à leur propriétaire
publié par Comité logement du Plateau Mont-Royal
Montréal, le 21 février 2011
Aux responsables de la salle des nouvelles
Diffusion immédiate
UN GROUPE DE LOCATAIRES SONNE LA FIN DU PARTY POUR LES SPÉCULATEURS ABUSIFS
Montréal, 21 février, 2011.- Quatre locataires d’un immeuble sur la rue Garnier dans l’arrondissement du Plateau Mont-Royal résistent encore et toujours à un spéculateur. Demain, le 22 février 2011, leur lutte se poursuivra devant le Tribunal de la Régie du logement. Ces locataires refusent d’être évincés de leur logement. Pour eux, il ne fait aucun doute qu’ils sont victimes d’une pratique de plus en plus commune de la part des spéculateurs dans le quartier, celle de contourner le moratoire sur la conversion en condos. En effet, celle-ci est interdite sur le Plateau à moins que tous les logements soient occupés par des propriétaires indivis.
« L’histoire de ces locataires est semblable à celle de bien d’autres » raconte Paule Lespérance, organisatrice communautaire du Comité logement du Plateau Mont-Royal. « Un jour ils apprennent que leur immeuble a été vendu et le nouveau propriétaire leur demande de quitter. La plupart du temps, l’histoire s’arrête ici et puis un jour apparaît un nouveau condo». En effet, plus de 1000 logements locatifs ont été convertis en condos dans les cinq dernières années, et ce seulement dans l’arrondissement du Plateau (selon les données de la Régie du logement). « Cette situation est d’autant plus dramatique que la pénurie de logements et la hausse galopante des loyers rendra très ardue la tâche aux locataires de se reloger. Pendant que des propriétaires s’enrichissent en transformant des logements en condos, ne faisant qu’aggraver la pénurie, les locataires se voient obligés de s’appauvrir pour avoir un toit », déplore Mme Lespérance.
Cette fois, les locataires ont décidé de se battre. Ils ont été alertés par le fait que le nouveau propriétaire est un habitué de ces pratiques. En effet, il aurait à son actif 7 transformations en condos sur le Plateau. « Il nous a offert jusqu’à 22 000$ pour nos baux » précise Marc Laforest, porte-parole des locataires résistants. Devant leur refus et après maintes menaces, les locataires ont reçu des avis d’éviction ou de reprise de logement, seuls moyens légaux pour obtenir leur départ.
Devant le tribunal, ils doivent convaincre le régisseur que l’agrandissement ou la subdivision des logements est un moyen détourné que ce spéculateur a trouvé pour vider l’immeuble. Réussiront-ils?
« Nous sommes confiants et tous désireux que notre résistance puisse alerter l’opinion publique. Nous sommes conscients qu’il faut protéger davantage les locataires qui ont comme propriétaires des spéculateurs gourmands et sans scrupule » confie Paulette Moquin, autre locataire victime d’éviction.
« D’un côté, il y a un drame humain, celui de perdre son logement et de devoir s’appauvrir pour se reloger, d’un autre côté, il faut des changements législatifs pour protéger le droit au maintien dans les lieux. Il faut des lois plus fortes pour protéger le parc locatif » affirme France Emond, porte-parole du Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec. Nous constatons que des modifications au Code civil sont nécessaires parce que les propriétaires ont trouvé de nouvelles façons de faire indirectement ce qui est directement interdit.
Interpellé par les locataires, le député de Mercier, Amir Khadir, a décidé de donner son appui à la cause. « La situation vécue par ces locataires illustre les faiblesses de la loi actuelle, qui permet ces comportements prédateurs de la part de certains promoteurs. Il faut colmater ces brèches. Je prendrai donc les moyens à ma disposition à l’Assemblée pour convaincre le gouvernement d’assurer une meilleure protection des locataires contre la spéculation.»
En attendant, « là où le bât blesse », rapporte Paule Lespérance, « c’est que l’obtention d’un permis, pour agrandissement ou rénovation, à l’arrondissement est une formalité qui ne tient aucun compte de la réalité des locataires; alors que l’obtention de ce permis constitue la meilleure preuve de la légalité du projet selon la Régie du logement. »
Demain, à la Régie du logement, ces locataires résistants s’improviseront guerriers, comme des David contre Goliath. « Aujourd’hui, on tord le bras des locataires pour mettre fin à des centaines de baux par année et transformer autant d’appartements en condos. L’appât du gain est en train de changer le visage et le cœur de nos villes. Nous demandons de conserver nos logements afin de demeurer dans le quartier où nous avons nos racines. Nous demandons surtout de mettre fin à ce jeu indigne de notre société », affirme Marc Laforest, porte-parole des locataires en lutte.
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