Le Lundi 14 février 2011
Quand la justice est mal en point
publié par Association québécoise Plaidoyer-VictimesMONTRÉAL, le 14 févr. – En 1997, l’Association québécoise Plaidoyer-Victimes, dans une lettre adressée au ministre de la Justice Paul Bégin, déplorait l’érosion graduelle des ressources dont disposent les procureurs de la Couronne et l’impact de la dégradation de leurs conditions de travail sur le traitement des victimes et des témoins d’actes criminels dans le système de justice. Treize ans plus tard, la situation est loin de s’améliorer. Manque de temps pour rencontrer les témoins, pour préparer leurs dossiers, pour se tenir au fait des questions relatives au droit et à l’évolution de la jurisprudence, essoufflement et non-reconnaissance de leur travail : les procureurs aux poursuites criminelles et pénales sont toujours confrontés aux mêmes difficultés.
Certes, ils ne représentent pas les victimes et les témoins au sens formel. N’empêche que ces derniers les considèrent la plupart du temps comme « leur avocat » et comme des alliés importants dans « leur cause ». C’est un fait, la disponibilité et la qualité du travail des procureurs ont un grand impact sur leur expérience avec les tribunaux, sur ce qu’ils en retirent et sur leur confiance envers la Justice. On peut comprendre que le conflit actuel qui les oppose à l’État est lourd de conséquences pour l’ensemble des justiciables, et tout particulièrement pour les victimes qui sont déjà fragilisées par le crime.
Ce conflit est surtout le symptôme d’un malaise plus profond qui touche les dysfonctionnements de notre système de justice pénale. L’administration de la justice au Québec souffre de sous-financement récurrent, ses services se dégradent, les citoyens se montrent de plus en plus sceptiques, voire cyniques, face aux décisions de la justice. Au bout du compte, l’accès à la justice et la légitimité de son rôle et de ses institutions s’effritent. Malheureusement, le gouvernement québécois s’intéresse peu à ces problèmes. Jusqu’à présent, nos élus se sont contentés d’apporter des améliorations ou des solutions ponctuelles à des problèmes qui auraient exigé qu’on s’y attarde sérieusement. Le combat des procureurs ne doit pas s’enliser dans la même logique et la Justice reprendre la route cahin-caha.
Solidaires des luttes que nous avons menées depuis 30 ans, les procureurs ont contribué significativement à l’amélioration des pratiques et des attitudes à l’endroit des victimes. Ils devraient pouvoir bénéficier des conditions leur permettant d’assumer leur mandat dans le respect des droits et des aspirations légitimes des victimes. Plus fondamentalement, nous devrions repenser la Justice dans ses fonctions les plus nobles, partager notre vision de ce qu’elle devrait devenir, des forces mobilisatrices sur lesquelles elle peut s’appuyer et des enjeux qu’elle devrait relever. C’est ce qu’on attend d’un gouvernement responsable.
L’Association québécoise Plaidoyer-Victimes, organisme communautaire à but non lucratif créé en 1984, a pour mission la défense et la promotion des droits et des intérêts des victimes d’actes criminels.
Renseignements:
Arlène Gaudreault, présidente
Association québécoise Plaidoyer-Victimes
(514) 526-9037