Le Lundi 31 janvier 2011
Le redéveloppement des anciens ateliers du CN à Pointe-Saint-Charles retardé par l’appétit du propriétaire
publié par Centre Social Autogéré de Pointe-Saint-CharlesMontréal, le 31 janvier 2011. Le collectif 7 à Nous*, qui négocie la cession gratuite d’un bâtiment à des fins communautaires et culturelles, se désole de constater que le propriétaire du site des anciens terrains du CN, le Groupe Mach, change de cap et refuse de s’engager dans un dialogue sérieux pour la cession du bâtiment à la collectivité, contrairement à ce qu’il laissait entendre dès 2009 lors des consultations publiques sur l’avenir de ce site.
Le Maire de l’arrondissement Le Sud-Ouest a dû reporter une fois de plus l’adoption du projet de redéveloppement des anciens terrains du CN car le propriétaire n’a pas conclu toutes les ententes requises, au premier chef celle concernant le Bâtiment 7.
Pour Karine Triollet, de la Table de concertation Action-Gardien, « le projet du Bâtiment 7 n’est pas optionnel, c’est un incontournable qui fait partie d’un plan d’ensemble. On ne peut se contenter de projets juxtaposés portés par les différents promoteurs*, sans vision globale. Le développement d’un pôle de services, d’activités communautaires et culturelles, la création d’une zone tampon entre les espaces industriels et résidentiels, ce sont des dimensions qui ont été délaissées par les différents promoteurs. » Ces préoccupations sont justement au cœur du projet porté par le collectif 7 à Nous.
Le collectif 7 à Nous ne peut que constater le manque de volonté du propriétaire. Après un accord de principe sur la location du Bâtiment 7 pour 1$ par année, suivi d’une cession d’ici 5 ans, le Groupe Mach a laissé traîner les négociations. Et maintenant que l’échéance approche, il cherche à obtenir une somme considérable pour le bâtiment et amène sans cesse de nouvelles clauses et frais supplémentaires, sans aucune preuve ni justification.
« Nous demandons à l’arrondissement de lancer un message politique ferme et de faire tout en son pouvoir pour que le Bâtiment 7 soit cédé à la communauté, décontaminé et sécurisé. Ces conditions sont les seules acceptables qui permettront la réalisation d’un projet qui sera un réel gain pour la communauté», affirment les membres du collectif 7 à Nous. « Faut-il rappeler que le propriétaire a acquis le site de 3.5 millions de p² pour la somme de 1 $, en échange d’une obligation de décontamination ? Nous lui demandons maintenant de s’impliquer dans le développement du projet, d’arrêter de spéculer sur le dos d’un quartier et de redonner le bâtiment à la communauté. »
Depuis que le Groupe Mach a acquis les terrains en juin 2006, le bâtiment s’est détérioré à un point tel qu’il nécessite des investissements de plus d’un million de dollars pour être sécurisé. « Il est laissé complètement à l’abandon, ouvert à tous vents et sans surveillance », s’indigne Caroline Andrieux de la Fonderie Darling. « Pourtant, en 2005, il était fonctionnel. Et plus le temps passe, plus cela coûtera cher de le réhabiliter. »
« Le Groupe Mach exige des sommes exorbitantes pour la cession d’un bâtiment qu’il a lui-même laissé se dégrader. Pourquoi un quartier et une population devraient-ils payer pour la négligence et l’inaction d’un propriétaire ? », conclut le collectif 7 à Nous en appelant le propriétaire à signer sans tarder une entente de cession du bâtiment, et donner ainsi le coup d’envoi au redéveloppement des terrains du CN.
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Renseignements et entrevues :
Caroline Andrieux, Fonderie Darling, 514-392-1554
Karine Triollet, Action-Gardien, 514-509-0795
* Éléments de contexte
Le Collectif 7 à Nous est composé de plusieurs organisations locales : la Fonderie Darling, le Club populaire des consommateurs, le Centre social autogéré, la table de concertation communautaire Action-Gardien, plusieurs citoyenNEs ayant des projets à développer, l’architecte Mark Poddubiuk, et est soutenu par le RÉSO. Le collectif travaille à la réalisation dans le Bâtiment 7 d’un pôle regroupant des organismes communautaires, culturels et artistiques, des entreprises d’économie sociale, des associations citoyennes ainsi que des services et commerces de proximité.
Le terrain de plus de 3.5 millions de pieds carrés est pratiquement inoccupé depuis la cessation des activités d’Alstom en 2003. En 2005, un projet construction d’un centre de foire en lien avec le déménagement du Casino de Montréal a été envisagé, puis ensuite abandonné devant l’opposition suscitée. Depuis lors, le propriétaire qui a acheté 1$ ce terrain (avec obligation de le décontaminer) veut obtenir d’importantes modifications de zonage pour pouvoir y relancer les activités. En 2008, l’Agence métropolitaine de transport a obtenu un avis d’expropriation pour 40% du site afin de construire son centre d’entretien. Le propriétaire en a aussitôt contesté la légalité et s’est finalement entendu de gré à gré avec l’AMT. La partie résidentielle sera développée par le constructeur Samcon qui, lui aussi, devra acheter des terrains du Groupe Mach. Au final, le Groupe Mach obtiendra plusieurs dizaines de millions de dollars pour ce site.
Le Bâtiment 7 est un ancien entrepôt comportant 2 étages et totalisant plus de 75 000 p² de plancher. Sa construction s’est échelonnée des années 1924 aux années 1960. Depuis la fin des activités d’Alstom en 2003, il a servi à des tournages cinématographiques et à des manifestations culturelles. Depuis l’achat des terrains par le Groupe Mach en 2006, il est laissé à l’abandon et a été victime de l’hiver et du vandalisme. Le propriétaire en a démoli illégalement une partie début 2009. Il est acquis depuis les consultations publiques de l’automne 2009 que le bâtiment ne sera pas démoli et servira à des projets communautaires. Cependant, il est toujours laissé à l’abandon.
Le re-développement du site implique plusieurs acteurs majeurs : le Regroupement Information-Logement (RIL) et le Groupe de ressources techniques Bâtir son quartier pour la portion logements sociaux; L’agence métropolitaine de transport qui entend y installer un centre d’entretien ferroviaire; le constructeur de condominiums Samcon (800 logements – dont 250 logements sociaux – doivent être construits); le Collectif 7 à Nous qui doit s’installer dans le Bâtiment 7; le Regroupement économique et social du Sud-Ouest (RESO) pour le développement de l’emploi local, ainsi que le Canadien National (CN) dont des voies ferrées majeures bordent le site.