Le Jeudi 2 décembre 2010
Soutien des femmes victimes de violence conjugale ayant des limitations fonctionnelles – Le maillage des ressources et le soutien de Québec sont essentiels
publié par Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugaleMONTRÉAL, le 2 déc. – C’est sans grande surprise que le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale a pris connaissance du rapport Évolution des besoins d’adaptation des services offerts aux femmes handicapées victimes de violence conjugale rendu public aujourd’hui par l’Office des personnes handicapées du Québec (OPHQ). On y apprend malheureusement que les femmes ayant une limitation fonctionnelle, qui vivent de la violence conjugale, sont bien souvent laissées à elles-mêmes, car leur situation n’est pas identifiée et les ressources qui pourraient leur venir en aide, telles les CLSC ou les maisons d’hébergement, ne sont pas adaptées à leurs besoins. « Le Regroupement souscrit aux recommandations du rapport et appelle à un meilleur maillage des partenaires et au soutien du Gouvernement du Québec, notamment du ministère de la Santé et des Services sociaux », de dire sa présidente Nathalie Villeneuve.
Sensibilisé aux besoins de ces femmes par la Confédération des organismes de personnes handicapées du Québec (COPHAN), le Regroupement avait déjà constaté que, pour la plupart d’entre elles, les maisons d’aide et d’hébergement ne sont pas accessibles. Le présent rapport montre une situation semblable pour les Services généraux des CSSS (CLSC), des services qui sont généralement plus adaptés à intervenir en matière de violence conjugale. On y apprend également que les ressources qui interviennent de façon régulière auprès des femmes en raison de leur limitation fonctionnelle (centres de réadaptation, programmes spécialisés des CSSS, groupes communautaires de personnes handicapées) sont mal outillées pour identifier la présence de violence conjugale, pour intervenir et même pour référer les femmes vers les ressources spécialisées.
L’accessibilité rime avec maillage et nécessite du soutien
Afin de pallier aux difficultés d’accès aux maisons, le Regroupement, en collaboration avec la COPHAN, rendait public en 2009 le guide Accueillir et accompagner les femmes ayant des limitations fonctionnelles : Guide pratique à l’intention des intervenantes en maison d’hébergement pour femmes victimes de violence conjugale. Par cet outil, on voulait favoriser une meilleure connaissance des besoins des femmes ayant des limitations fonctionnelles, mais aussi on misait sur l’établissement de maillage et de collaborations entre les ressources violence et les ressources pour personnes handicapées. En effet, pour améliorer l’accessibilité aux services de soutien, des aménagements et de la formation du personnel des maisons sont certes nécessaires. « Pour y arriver, le soutien du gouvernement du Québec est indispensable. Le ministère de la Santé et des Services sociaux doit rendre disponibles des budgets de formation et il doit demander à la Société d’habitation du Québec d’inclure en priorité les travaux nécessaires à l’accessibilité dans ses programmes comme le Programme d’amélioration des maisons d’hébergement», souligne Madame Villeneuve.
« Mais les maisons ne peuvent pas seules assurer le soutien et la sécurité des femmes » rappelle-elle. Même davantage formé, leur personnel ne pourra accomplir les tâches effectuées par des personnes dont le mandat spécifique est l’aide aux personnes handicapées. De plus, les maisons sont des ressources qui accueillent des femmes et des enfants dans un cadre de vie communautaire qui se veut sécuritaire et où il fait bon vivre. Cela pose parfois certaines limites à leur capacité d’accueil. Or pour que ces limites ne se traduisent pas par l’exclusion des femmes vivant certaines limitations comme des troubles graves de santé mentale, l’expertise et le soutien des ressources adaptées à ces problématiques est nécessaire. C’est en mettant à profit chacun son expertise et son savoir-faire, qu’une aide efficace sera disponible.
Afin que les femmes ayant des limitations fonctionnelles aient accès à toute l’aide nécessaire si elles sont victimes de violence conjugale, le Regroupement demande donc au ministère de la Santé et des Services sociaux de favoriser les conditions nécessaires à un tel maillage. « Si les intervenants des centres de réadaptation et des groupes communautaires sont davantage sensibilisés à la problématique de la violence conjugale, s’ils ont accès à des formations et à des outils adaptés de dépistage et d’intervention, nous pourrons ensemble organiser le soutien aux femmes qui tentent d’échapper à la violence conjugale » affirme la présidente du Regroupement.
Le plan d’action gouvernemental doit viser l’inclusion
Si la sensibilisation, la formation, le partenariat ne sont pas au rendez-vous, les femmes victimes de violence conjugale ayant des limitations fonctionnelles risquent de continuer à se buter à des portes closes. Or si la recherche de l’OPHQ nous montre de façon saisissante les conséquences que subissent ces femmes en raison du manque de moyens et de ressources adaptées, elle commande aussi d’agir. Le troisième plan d’action gouvernemental en matière de violence conjugale, attendu dans les prochains mois, doit résolument promouvoir et soutenir la réponse aux besoins de toutes les femmes victimes de violence conjugale. Le Regroupement s’emploiera à le rappeler.
Avec 49 maisons membres implantées à la grandeur du Québec, le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale constitue un vaste réseau résolument engagé, depuis 1979, pour le droit à l’intégrité physique et psychologique des femmes.
Pour information : Maude Lebert Demers, cell. 514 220-1057
Source : Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale (RMFVVC)
www.maisons-femmes.qc.ca