Le Lundi 29 mars 2010
Les jeunes: éteints ou étincelants?
publié par Conférence régionale des élus (CRÉ) de MontréalLAURENCE ST-DENIS – L’auteure est présidente du Forum jeunesse de l’île de Montréal, lieu de rassemblement de 500 groupes de jeunes Montréalais, qui célèbre cette semaine son dixième anniversaire de soutien à l’engagement des jeunes. Elle est également membre du comité exécutif de la Conférence régionale des élus de Montréal.
Un grand nombre de jeunes m’ont contactée ces jours-ci pour convenir avec moi qu’il était nécessaire d’apporter un autre éclairage à la généralisation parfois surprenante – pour ne pas dire offensante – que certains ont faite récemment, dans les médias, des ambitions et des engagements des jeunes. C’est le cas notamment de la lettre ouverte La flamme s’est éteinte – Les 25-35 ans n’ont pas le goût du risque qui animait la génération précédente qui a formé le Québec inc., publiée dans La Presse du 17 mars. Mon expérience quotidienne dans un réseau qui forme et soutient des jeunes engagés et généreux me donne accès à une autre réalité, positive, que je veux partager.
L’île de Montréal est riche de ses jeunes, de la grande diversité de leurs communautés et de leur créativité. Des exemples de jeunes inspirants sont aussi nombreux que faciles à trouver. Passer quelques minutes sur Internet permet de constater la qualité, la vision et l’intensité des jeunes qui s’investissent dans l’action. Taper Vyv dans Google, c’est rencontrer Emric Epstein et Martin Granger-Piché, deux jeunes entrepreneurs d’ici qui « trouvent des solutions à des problèmes de vidéo insolubles en faisant des trucs que les gens ne pensaient pas possible de faire », et qui ont pour clients le Cirque du Soleil, Britney Spears et le Musée national de Singapour. Taper Fondation du maire de Montréal pour la jeunesse, c’est découvrir des dizaines de jeunes entrepreneurs qui mettent leur créativité au service du développement économique et de l’emploi à Montréal.
Forces Avenir nous montre l’engagement quotidien des jeunes dans des actions qui enrichissent le savoir, suscitent le goût de la réussite et du dépassement personnel. L’engagement durable de milliers de jeunes transforme pour le mieux notre milieu de vie, comme le projet d’Équiterre et de ses partenaires, qui construisent au centre-ville de Montréal une maison du développement durable d’une valeur de 27 M $.
Mon expérience personnelle avec et auprès des jeunes n’est pas compatible avec l’individualisme que certains leur prêtent. Je veux témoigner de l’action du Fonds régional d’investissement jeunesse et de l’engagement qu’il suscite. Depuis 10 ans, le FRIJ a soutenu, à hauteur de 11 millions de dollars, les projets de jeunes qui s’engagent dans des actions structurantes pour le Montréal de leur génération.
Quand les jeunes me parlent de REER et d’une éventuelle stabilité financière, ce que j’entends, ce sont leurs préoccupations devant des conditions de travail souvent précaires, l’état des finances publiques et la dette collective dont nous hériterons. J’entends aussi leur intérêt pour les REER éthiques, l’investissement responsable, les caisses d’économie solidaire et les fonds de travailleurs qui construisent le Québec d’aujourd’hui. Il faut être sur le terrain pour le constater : toutes les barrières n’ont pas été levées; un grand nombre de jeunes sont touchés par la pauvreté et des défis énormes restent à surmonter. C’est pour ça que ces jeunes trouvent essentiel de s’investir pour améliorer le sort de leur communauté.
Oui, des milliers de jeunes passent de la parole à l’acte et répondent « Présents ! » aux défis d’aujourd’hui. Si ces jeunes s’assoient à la fin de la journée devant leur écran, c’est plus souvent qu’autrement celui de leur ordi, pour garder contact avec d’autres jeunes du monde et les supporter dans leurs projets. Ou alors, ils sont auprès de leurs enfants, préparant la relève de demain.
D’une génération à l’autre, l’engagement se poursuit, comme l’évoquait L. Jacques Ménard dans son livre Si on s’y mettait… – Un projet mobilisateur pour redonner aux Québécois le goût de voir GRAND : « Je suis convaincu que vous ferez mieux que nous. (…) Avec tout le talent qui est le vôtre et les ressources à votre portée, le monde vous appartient. » En mars 2009, à Tout le monde en parle, il concluait, comme je le fais moi aussi : « Je suis positif pour l’avenir. J’ai bien confiance que les jeunes qui montent, créatifs comme ils le sont, ce sont eux qui vont relever le Québec. »
Éteints, les jeunes ? Non ! Allumés, aujourd’hui et demain, assurément !