Le Mardi 16 mars 2010
Deux films québécois reçoivent un prix pour leur usage responsable ou exagéré du tabac
publié par Conseil québécois sur le tabac et la santéMONTRÉAL, le 16 mars 2010 – Les prix Oxygène et Cendrier ont été décernés aujourd’hui par le Conseil québécois sur le tabac et la santé à deux films québécois et deux films étrangers qui font un usage responsable ou exagéré du tabac à l’écran. «Parce que la présence du tabac y est marquée et attrayante, le film Les pieds dans le vide reçoit le prix Cendrier. Le film De père en flic mérite quant à lui le prix Oxygène parce qu’il ne présente aucun cliché lié à l’utilisation du tabac à l’écran» a déclaré Jici Lauzon, comédien et porte-parole de cette campagne.
Le grand public, qui a mis en nomination les films, ainsi que les membres du jury des prix Oxygène et Cendrier ont jugé excessive l’utilisation de la cigarette par Rafaël, dans le film Les pieds dans le vide. Le jeune héros athlétique, rebelle et friand de sensations fortes (un personnage auquel les ados s’identifient facilement) s’allume une cigarette à tout propos. Cette dernière accompagne les scènes de sensualité, de bravoure, de joie, de peine, de réflexion et de partage entre Rafaël et les autres personnages. «J’aurais voulu faire une publicité sur la cigarette destinée aux adolescents que je ne m’y serais pas prise autrement» a commenté Anik St-Onge, professeure de marketing à l’UQAM et membre du jury.
Le film De père en flic a reçu le prix Oxygène pour avoir évité tous les stéréotypes associés au genre policier qui présente souvent des flics ou des truands cigarette au bec. Le réalisateur Jack Hackel, également membre du jury, a tenu à préciser : «C’est rafraîchissant de constater que des créateurs peuvent se passer de la cigarette comme accessoire scénographique pour illustrer le côté rebelle ou délinquant de personnages sans que la vraisemblance du récit en soit altérée. Voir une cigarette dans un film n’est pas quelque chose d’innocent (…) fumer au cinéma est maintenant une habitude chargée de sens, qui possède une connotation clairement négative.»
Dans la catégorie films étrangers, le jury a décerné à l’unanimité le prix Oxygène à la Saga Twilight : Tentation et le prix Cendrier à Neuf.
Une publicité insidieuse
L’objectif des prix Oxygène et Cendrier n’est pas de bannir toute présence du tabac dans les films et à la télévision, mais de limiter son utilisation à des scènes qui l’exigent pour dépeindre la vraisemblance du récit, du personnage ou de l’époque. «Si le tabac n’avait aucune influence sur la consommation des jeunes, cette campagne n’aurait aucune raison d’être» a tenu à préciser le comédien, membre du jury et porte-parole, Jici Lauzon. «Malheureusement, ajoute-t-il, la représentation irréelle et excessive du tabac au cinéma et à la télévision influence les jeunes au point de tripler leur risque d’allumer une première cigarette(1)».
Selon le Dr Stanton A. Glantz, auteur de quelques-unes des plus importantes études sur le tabac à l’écran et directeur du Center for Tobacco Control Research and Education de l’Université de Californie, entre 1999 et 2009 la cigarette était présente dans plus de deux films sur trois (68 %) destinés aux adolescents. Ces derniers sont particulièrement affectés par les images cinématographiques et télévisuelles. «Les scènes de consommation de tabac au cinéma ont un impact plus grand que les publicités de cigarettes» a expliqué le Dr Glantz, présent à cette remise de prix par vidéoconférence. «Les recherches réalisées dans les pays européens, en Australie, en Nouvelle-Zélande, au Mexique et aux États-Unis ainsi que l’Organisation mondiale de la Santé en arrivent à la même conclusion : plus les jeunes sont exposés à des scènes de consommation de tabac, plus ils sont susceptibles de fumer. Le cinéma s’est révélé être un canal hors pair, omniprésent et puissant pour la promotion du tabac dans le monde entier, un canal que les compagnies de tabac ont longtemps exploité» a précisé le Dr Glantz.
De novembre 2009 à janvier 2010, la population du Québec a été conviée à mettre en nomination des films québécois et étrangers de la cuvée 2009 qui ont fait un usage responsable ou exagéré du tabac. À la fin février, un jury composé d’un réalisateur, d’un comédien, d’une scénariste, d’un professeur en marketing et d’une représentante du Conseil québécois sur le tabac et la santé a évalué le message véhiculé par les scènes de tabagisme des films en nomination, en plus de considérer la quantité et l’importance des personnages fumeurs.
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Cette campagne de sensibilisation sur le tabac à l’écran est réalisée
grâce au soutien financier de Santé Canada.
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1. «Effect of viewing smoking in movies on adolescent smoking
initiation : a cohort study», The Lancet, juin 2003.