Le Lundi 8 mars 2010
6000 femmes du réseau des entreprises d’économie sociale en aide domestique écrivent au Premier ministre
publié par Chantier de l’économie socialeQuébec, le 8 mars 2010 – En cette journée internationale des femmes, 6000 Québécoises, œuvrant dans les 101 entreprises d’économie sociale en aide domestique (EÉSAD) au Québec, prennent la plume pour écrire au Premier ministre Jean Charest. Elles souhaitent non seulement lui souligner leur engagement quotidien auprès de milliers d’aînés partout au Québec dans la livraison de services essentiels à leur soutien à domicile, mais aussi que la promesse du gouvernement de faire de chez soi le premier choix doit absolument se traduire par des engagements financiers concrets dans son prochain budget.
« Tous les jours, ces milliers de femmes dans toutes les régions du Québec travaillent très fort pour assurer des services essentiels de qualité auprès d’une clientèle âgée et très souvent démunie financièrement. Sans ces services – ménages légers et lourds, préparation de repas, accompagnement pour les courses – , des milliers de personnes âgées ne pourraient demeurer chez elles. N’oublions pas non plus le rôle tout aussi essentiel de présence régulière assumée par les employées des EÉSAD auprès de cette clientèle. Ces travailleuses sont bien souvent en première ligne pour briser des solitudes, offrir du réconfort et être à l’écoute de problèmes potentiels. Il faut le reconnaître aujourd’hui bien sûr, mais ne pas l’oublier le reste de l’année » a déclaré Marie-Claude Gasse, porte-parole pour la Coalition des entreprises d’économie sociale en aide domestique.
Rappelons que la ministre déléguée aux Services sociaux, Lise Thériault, a annoncé un financement supplémentaire de 3,5 millions de dollars pour le programme d’exonération financière pour les services d’aide domestique (PEFSAD) destiné à la clientèle en octobre 2009 et a ensuite imposé aux entreprises, en décembre 2009, d’autofinancer cette mesure dès le 1er avril prochain. Dans les faits, l’annonce de la ministre s’est transformée en coût net pour les EÉSAD. En ajoutant à ce recule financier la hausse du salaire minimum du 1er mai prochain et celles prévues des cotisations à la CSST, entre autres, l’ensemble des EÉSAD se retrouve avec un manque à gagner de plus de 8 millions d’ici quelques mois seulement. Les entreprises n’auront d’autre choix que de refiler la facture aux clients.
Pour Hélène St-Laurent, porte-parole de l’Aile rurale, « les enjeux sont énormes pour nous, mais aussi pour tout le Québec. Tout d’abord et, surtout aujourd’hui, nous sommes très heureux d’améliorer les conditions de travail de nos employées et de reconnaître par le fait même leur contribution sociale au bien-être de nos aînés en appliquant la hausse du salaire minimum. Mais les EÉSAD sont aujourd’hui dans un cul-de-sac. Comment financer ce manque à gagner monstrueux de 8 millions de dollars? La hausse des tarifs que nous avons annoncée comme inévitable provoquera des réactions en chaîne. Le décrochage des clients les plus démunis va s’accélérer et les tarifs seront de moins en moins compétitifs avec le marché noir. Dans ces conditions, il est assuré que le nombre d’heures de services ne fera que régresser, fragilisant davantage nos entreprises, mettant en péril les emplois de milliers de femmes et les services pour nos aînés encore capables de payer ».
« Chaque dollar investi par le gouvernement dans le réseau des EÉSAD, soit dans les entreprises ou dans le PEFSAD qui soutient financièrement les clients, est extrêmement rentable à plus d’un titre. Personne ne peut contester aujourd’hui qu’il est de loin préférable d’un point de vue financier pour le gouvernement de soutenir les personnes âgées à domicile le plus longtemps possible, le contraire étant mille fois plus coûteux au trésor public. Le gouvernement est triplement gagnant puisque les EÉSAD sont créatrices d’emplois, parfois un des plus gros employeurs dans certaines régions, et participent à lui faire bénéficier de revenus qui lui échapperaient sur le marché noir. Il est clair qu’en ce 8 mars le Premier ministre doit penser aux 6000 employées des EÉSAD, mais aussi aux milliers de femmes âgées qui les accueillent quotidiennement chez elles. Le prochain budget du gouvernement doit absolument contenir l’indexation du PEFSAD, évaluée à 15 millions de dollars et attendue depuis 12 ans, permettant à toutes ces femmes de pousser un léger soupir de soulagement, car, par la suite, il nous reste encore beaucoup de travail pour assurer la pérennité de nos entreprises » a conclu J. Benoit Caron, directeur général de la Fédération des coopératives de services à domicile et de santé du Québec.
Rappelons qu’il y a 101 EÉSAD au Québec qui emploient environ 6 000 personnes et offrent à 79 000 clients, dont environ 80 % ont 65 ans et plus, 5.5 millions d’heures de services annuellement. La clientèle de ces entreprises, si elle répond aux critères du programme, obtient une aide financière du PEFSAD.
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Information :
Marie-Claude Gasse, La Coalition des entreprises d’économie sociale en aide domestique, 418-750-0085
J. Benoit Caron, La Fédération des coopératives de services à domicile et de santé du Québec, 418-717-8882
Hélène St-Laurent, L’Aile rurale, 418-764-1315