Le Lundi 22 février 2010
Égalité des femmes: le Canada tire de l’arrière – La Fédération des femmes du Québec et d’autres organisations s’adressent à l’ONU
publié par Fédération des femmes du QuébecMONTRÉAL, le 22 févr. – La Fédération des femmes du Québec ajoute sa voix à d’autres organisations féministes et syndicales pour contredire le portrait exagérément positif que dépeint le gouvernement canadien dans son récent rapport aux Nations Unies sur l’accès à l’égalité pour les femmes. La session annuelle de la Commission sur le statut des femmes des Nations Unies, qui se tiendra à New York, du 1er au 12 mars prochain, marque le 15e anniversaire de la Quatrième conférence mondiale de l’ONU sur les femmes, tenue à Beijing. Chaque pays doit faire état des progrès réalisés. Le point de vue des organisations de la société civile est également documenté dans un rapport qui sera déposé à l’ONU, la semaine prochaine.
«Les femmes ont perdu du terrain dans plusieurs domaines au Canada au cours des dernières années. Il y a cinq ans, le Canada figurait parmi les dix premiers pays pour ses réalisations en matière de droits des femmes. En 2009, il occupait le 73e rang selon l’indice de disparité entre les sexes de l’ONU», d’affirmer Alexa Conradi, présidente de la Fédération des femmes du Québec.
«Depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement conservateur s’est attaqué aux outils mis en place pendant des décennies pour assurer des progrès en matière d’égalité», de poursuivre Louise Riendeau, porte-parole de la Fédération des femmes du Québec à la session de l’ONU et coordonnatrice des dossiers politiques au Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale. «Ce gouvernement est hostile aux droits des femmes et à la critique. Comme Kairos, Alternatives et Droits et démocratie, la survie des groupes de défense des droits des femmes est menacée par les politiques gouvernementales», d’ajouter Alexa Conradi.
La fragilité accrue du mouvement des femmes permet aux gouvernements de se désengager devant leurs responsabilités internationales en matière de droits humains des femmes sans que la population ne s’en aperçoive. Ainsi, la pauvreté et la précarité vécues par les femmes s’accroissent sans tollé. Au Canada, le revenu des femmes ayant des études universitaires recule vis-à-vis celui de leurs collègues masculins. L’écart salarial tarde à s’amenuiser même si les jeunes femmes ont maintenant un niveau d’instruction plus élevé. Le salaire des femmes demeure à 70 % de celui des hommes. Pour les femmes plus discriminées la différence est encore plus grande.
Les gouvernements provinciaux délestent leurs obligations internationales en freinant l’accès aux services publics tels la santé et l’éducation. Aussi, les taux de prestations dans le domaine de l’aide sociale sont si bas qu’ils ne permettent pas aux femmes de vivre décemment. Les femmes sont globalement toujours plus pauvres que les hommes. Certaines, comme les cheffes de familles monoparentales, les femmes autochtones, les femmes de couleur, les immigrantes et les femmes vivant avec un handicap ont des taux de pauvreté qui se situent entre 23 % et 36 %.
La violence faite aux femmes persiste et touche encore plus les femmes autochtones. Depuis 2000, 520 femmes et filles autochtones ont disparu ou ont été tuées. Le Québec n’est pas exempt de ce problème.
Telles sont quelques-unes des réalités troublantes présentées dans le rapport conjoint «Confrontation avec la réalité : Les femmes au Canada et la Déclaration et le Programme d’action de Beijing après 15 années, Réponse de la société civile canadienne», coordonné et produit par l’Alliance canadienne féministe pour l’action internationale et le Congrès du travail du Canada. Ce rapport est appuyé notamment par la Fédération des femmes du Québec. Il est disponible à l’adresse suivante : www.ffq.qc.ca.
À l’heure où les États du monde entier mesureront la hauteur des défis à relever pour atteindre l’égalité pour les femmes, les militantes canadiennes et québécoises des droits des femmes feront savoir à l’ONU qu’au Canada, il y a péril en la demeure.