Le Vendredi 11 février 2022
Des organismes communautaires en santé et services sociaux à bout de souffle attendent des solutions dans le budget 2022
publié par Table des regroupements provinciaux d’organismes communautaires et bénévolesLettre ouverte du 11 février 2022
Les organismes communautaires sont généralement assez discrets. On parle d’eux principalement en période de crise par exemple lorsque le froid extrême menace la vie de personnes en situation d’itinérance. Pourtant, seulement dans le secteur de la santé et des services sociaux, ils sont plus de 3,000 dans les villes, villages et quartiers des grands centres. Ces organisations œuvrent tant auprès des jeunes que des personnes âgées, de celles aux prises avec des problèmes de santé, notamment de santé mentale, et ce, pour tout un ensemble de besoins. Ils sont comme le joueur de contrebasse, qu’on remarque à peine, mais qui soutient toute la mélodie. Encore faut-il que son instrument ait toutes ses cordes.
En effet, sur le plan du financement, les organismes communautaires n’ont pas accès aux ressources dont ils ont besoin. Quelques exemples parmi des milliers : un centre de femmes du Bas-Saint-Laurent est à court de 230,000$ pour répondre aux besoins, une maison des jeunes de Lanaudière manque 289,000$ pour accomplir pleinement sa mission, un groupe de soutien aux personnes proches aidantes de la Mauricie a un manque à gagner de 198,000$. Conséquemment ces groupes, comme beaucoup d’autres, n’arrivent pas à payer décemment leur personnel et à le conserver, ni à combler les postes à pourvoir et à se donner les outils pour répondre aux besoins exprimés dans la population. Comme le dit l’expression : on a étiré l’élastique jusqu’au bout.
Le prochain budget du Québec, le dernier du présent gouvernement, apparaît comme une lueur d’espoir d’autant plus qu’il pourrait coïncider avec la sortie d’un Plan d’action gouvernemental en matière d’action communautaire. C’est une occasion unique que le gouvernement ne devrait pas laisser passer.
Depuis le début de la pandémie, le gouvernement Legault a maintes fois sollicité l’engagement des organismes communautaires en santé et services sociaux pour garder leurs portes ouvertes et même participer à la lutte contre la COVID. Encore une fois, ces organismes ont répondu présents et se sont dépassés malgré des moyens réduits.. On leur a encore demandé de faire des miracles avec peu de moyens.
Le Premier ministre Legault affirme qu’il veut des « jobs bien payées pour faire rouler l’économie du Québec ». Comment alors peut-il justifier que les subventions attribuées ne permettent souvent pas de payer davantage que le salaire minimum au personnel des groupes communautaires, à très forte majorité des femmes? Comment peut-il aussi justifier les énormes inégalités de financement des organismes selon la région où ils opèrent ou le moment de leur mise en opération? Ce serait injustifiable dans tout autre secteur et pourtant la norme pour les groupes subventionnés par le ministère de la Santé et des Services sociaux.
La Table des regroupements provinciaux d’organismes communautaires et bénévoles (TRPOCB), par la campagne « Communautaire autonome en santé et services sociaux – Haussez le financement » (CA$$$H) réclame un investissement de 370M$. Pour se faire entendre, les organismes communautaires du domaine de la santé et des services sociaux prennent actuellement d’assaut les médias sociaux en publiant une photo où chacun met de l’avant son manque à gagner pour être en mesure de réaliser pleinement sa mission. Leur patience est à bout et ce n’est que le prélude à la vague de grèves et de fermetures à laquelle ils participeront du 21 au 24 février.
L’après-pandémie laissera voir des besoins importants chez un grand nombre de personnes et des déchirures profondes du tissu social. Dès le prochain budget, le gouvernement québécois doit démontrer qu’il prend cette fois les devants et répond positivement aux défis qui s’annoncent. C’est à son tour de répondre présent aux demandes pressantes du milieu communautaire.
Gaëlle Fedida, présidente de la Table des regroupements provinciaux d’organismes communautaires et bénévoles
11 février 2022