La Ligue des droits et libertés a publié dans Le Devoir(1) une lettre exposant les arguments justifiant l’opposition juridique au projet de règlement interdisant tout port de masque lors des manifestations à Montréal.
La lettre conclut que « ce qui devrait guider l’intervention d’un policier envers un citoyen n’est pas son allure, son accoutrement, ni le contenu désobligeant ou dérangeant de ses propos », (ajoutons ni le contenu véridique ou mensonger) « mais l’existence ou non d’un acte et d’une intention criminels. »
Du coté de la loi et de l’impérieuse nécessité de sauvegarder « l’état de droit » et d’éviter de (re)sombrer dans les diverses formes de dictatures de droit arbitraire, cette argumentation est claire, parfaitement sensée et incontestable.
Du point de vue de l’être humain, cette protection constitutionnelle exige de chacun une qualité éthique et morale solide, intégrale et – se basant sur la manière d’être et d’agir – indéniable.
Il ne faudrait pas que la protection juridique et judiciaire des libertés fondamentales devienne indirectement celle de la bassesse et du mensonge. L’histoire montre que des lois relativement « justes » résistent très mal à la dégradation de la culture et de la civilisation.
Si pour les réalités extérieures (objectives) chacun est contraint par la loi, les réalités intérieures (subjectives) échappent à ce genre de contraintes. Personne ne se cultive ni ne se civilise par la contrainte. La loi, via le système éducatif, peut « imposer » l’absorption de certaines connaissances mais elle n’a le pouvoir ni « d’imposer » ni de « forcer » l’éveil, le développement et l’enrichissement de l’Humain en l’humain.
Comme il est clair qu’aucune valeur fondamentale de culture et de civilisation ne peut ni s’imposer ni se forcer en qui que ce soit, autre chose que la loi doit intervenir. Il serait bon et utile que cette question tout aussi fondamentale que celle de la protection de l’état de droit fasse également partie du champ de l’active et intelligente réflexion collective.
Qu’un visage se couvre d’un masque peut être inoffensif tant que l’intention n’est pas criminelle, mais cela peut être, en même temps et en toute légalité, nocif si le masque masque, travestît la vérité et répand le mensonge et la rumeur.
Sans oublier, bien sûr, que « ce qui, probablement, fausse tout dans la vie, c’est qu’on est convaincu qu’on dit la vérité parce qu’on dit ce qu’on pense. » (Sacha GUITRY)
-Écrit par Denis Bricnet, Directeur de Nouvelle Acropole Canada
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(1) https://www.ledevoir.com/non-classe/232959/lettre-a-gerald-tremblay-maire-de-montreal-comment-masquer-la-censure