Le Vendredi 26 février 2016
POUR LA RECONNAISSANCE DES LOBBYISTES
publié par Projet Collectif en Inclusion à MontréalPOUR LA RECONNAISSANCE DES LOBBYISTES
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Les échanges portant sur le Projet de loi no 56 sur la transparence en matière de lobbyisme abordent différents aspects : les objectifs de la loi et l’efficacité des moyens pour les atteindre, l’exclusion de certains acteurs (dans les secteurs de l’éducation et de la santé), l’inclusion d’autres (OSBL et OBNL), la vision du commissaire, la vie démocratique, la transparence, la participation, etc. Nous voulons, dans cette courte réflexion, mettre l’accent sur un aspect dont on n’a pas beaucoup entendu parler : la reconnaissance du métier de lobbyiste.
La participation est un des besoins humains fondamentaux. La démocratie est une réponse active au besoin de partager avec les autres une place dans le monde. Ainsi, nos sociétés ont compris qu’au niveau de l’organisation sociale, il est important d’informer la population, d’écouter leurs opinions et de leur donner une place dans la prise de décisions, tout en respectant certaines règles d’action partagées. Le vote, par exemple, est une façon de se faire représenter dans le processus décisionnel qui affecte la vie des citoyens. Il existe aussi d’autres façons d’avoir une influence directe ou indirecte sur la prise de décisions en démocratie : une manifestation citoyenne dans la rue, un reportage dans les médias, une recherche scientifique, parmi d’autres.
Le lobbyisme est aussi une des façons d’influencer les décisions collectives. Dans un sens large, lorsqu’on parle de lobbyisme, on fait référence à des individus qui ont le rôle de représenter des intérêts particuliers auprès des personnes qui ont un pouvoir de décision publique. Tout groupe ou toute personne pourrait avoir recours à ce type d’expertise afin d’influencer les décideurs. Pourtant, le rôle du lobbyiste exige des capacités professionnelles auxquelles seulement quelques organisations ont accès : des connaissances développées en politique, en rhétorique, en stratégies d’argumentation, en droit, en éthique (par rapport à l’exercice transparent de leurs fonctions) et en recherche afin de maîtriser les dossiers en détail, entre autres. Qui plus est, les professionnels du lobbyisme sont reconnus par leur grand sens de l’opportunité, leur capacité à improviser et leur empathie. Le lobbyiste est donc quelqu’un avec une forte expertise à plusieurs niveaux, possédant les compétences nécessaires pour l’exercice de cette profession. Plusieurs organisations sont reconnaissantes de cette expertise et peuvent y investir afin d’avoir un contact responsable, éclairé et efficace avec les individus qui représentent les citoyens (ennes). Il faut donc reconnaître l’intérêt des lobbyistes à fixer les procédures à suivre et les balises d’action du projet de loi, dans le but de faire reconnaître le métier à sa juste valeur.
Certaines organisations bénéficient de l’influence de lobbyistes, puisqu’elles ont les moyens de reconnaître leur travail, c’est-à-dire qu’elles ont la capacité de les payer. Les salaires accordés sont justifiables par les impacts et la portée des revendications. Le pouvoir d’influence est accru lorsqu’une organisation a accès à l’expertise d’un lobbyiste – salaire et honoraires en sus – que lorsqu’elle n’en a pas les moyens.
Il y a consensus quant à l’efficacité d’un lobbyiste et aux avantages d’avoir accès à ce pouvoir d’influence. Ce consensus doit nous amener à comprendre comment les organisations qui n’ont pas les moyens de payer des lobbyistes auront donc, évidemment, une capacité d’influence moindre auprès des élus. On peut dire qu’accepter la portée de l’action des lobbyistes, chose déjà acceptée, implique donc d’accepter la disparité entre le pouvoir d’influence d’organisations utilisant des lobbyistes et celles qui n’y ont pas recours.
On considère donc que les échanges sur le projet de loi no 56 doivent prendre en compte les effets de la loi sur l’amplification ou la réduction de cette disparité.
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