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Un moment, s’il vous plait!

J’ai récemment eu le plaisir d’assister à une conférence sur le bénévolat dans la magnifique ville de St. John’s, Terre Neuve. Voulant parfaire mes aptitudes, je me suis inscrite à un atelier sur l’engagement corporatif comme modèle pour bâtir des relations et construire des communautés saines. L’animatrice revenait, tout feu tout flamme, d’une formation à coût onéreux chez ce bastion de l’amusement standardisé, la corporation Disney. Voulant nous démontrer les vertus de l’homogénéité corporative, elle pointe le doigt vers un participant et lui dit fièrement : « vous ne pourriez jamais travailler chez Disney, vos cheveux touchent à votre col! ». Je n’aurais peut-être pas dû compatir avec le type en lui disant : « v’là votre seconde carrière comme Mickey Mouse qui tombe à l’eau » mais j’en avais un peu marre!

Ce qui m’incite à réfléchir sur quelques tendances inquiétantes qui semblent faire sensation dans le communautaire, la première étant la conviction que nous devrions nous inspirer des pratiques du milieu corporatif si l’on veut mieux réussir. Bien que je sois de l’avis que l’on puisse et doive, par exemple, utiliser certaines techniques de marketing pour « vendre notre salade », il faut procéder avec prudence et circonspection. Le récent désastre de British Petroleum devrait servir de rappel : nos valeurs de base d’entraide, de partage et de responsabilité citoyenne n’ont rien à voir avec les mensonges publicitaires et la fausse monnaie des multinationales. De plus, comme le dit si bien Susan Ellis dans un article sur le sujet ‘après tout, les corporations abritent les grands cerveaux qui ont détruit l’économie mondiale!’ et certains voudraient qu’on les imite…!!

Le bénévolat ne s’achète pas et n’est pas à vendre. Ainsi, soyons vigilants quand nous acceptons des commandites ou des offres de collaboration qui pourraient affecter notre intégrité. Le langage de la participation citoyenne, la contribution à la société, et, j’ose le dire, AIMER son prochain, c’est encore la méthode la plus honnête et efficace de recruter des bénévoles et créer des partenariats.

La deuxième tendance qui me fait sursauter est celle qui prône le « recrutement par compétences ». Je vois de plus en plus d’articles suggérant que la meilleure façon de recruter les boomers est de créer des postes bénévoles correspondant aux talents et intérêts des futurs bénévoles. L’idée est intéressante, et j’ai l’intention de voir quelles sortes de tâches pourraient correspondre aux talents, goûts et intérêts des nouveaux retraités. C’est bien joli tout ça, mais qui va livrer mes popotes roulantes? Je vois plutôt mon défi comme celui de trouver de nouvelles façons de convaincre les bénévoles potentiels que le bénévolat caritatif peut être intéressant, emballant, et peut mener à l’acquisition de nouvelles aptitudes et de nouveaux amis.

Comme vous, j’en suis sûre, j’explore constamment de nouvelles façons de travailler, et je tâche de les mettre en pratique, mais je déplore la tendance naïve de tout balancer nos acquis chaque fois qu’une nouvelle théorie fait surface ! Cherchons plutôt un équilibre où nous accueillons à bras ouverts les nouvelles théories, sans toutefois balancer ce qui fonctionne bien dans nos méthodes de recrutement actuelles.

par Marjorie Northrup, ex-coordonnatrice aux Services alimentaires bénévoles, Centre d’action bénévole de Montréal

Pour en savoir plus sur le bénévolat : https://www.cabm.net/ ou [email protected]

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