Aujourd’hui, cette image n’a pas tellement changé. Les principales artères commerciales du secteur se retrouvent sur les rues Saint-Hubert, Saint-Denis, Jarry, Villeray et Saint-Laurent.
Les anciennes carrières ayant marqué le développement de Villeray ont été transformées au cours des années 30 et 40 en site d’enfouissement pour ensuite être converties en parcs municipaux. La présence de ces carrières contribuera à faire du quartier, un endroit où la population ouvrière est fortement présente.
Une grande part des familles ont des revenus annuels inférieurs au reste de la population montréalaise. Par exemple, en 1981, le revenu moyen d’une famille dans le quartier était de 17 437$ comparativement à 24 028$ pour Montréal. Près de vingt ans plus tard, soit en 1996, le revenu moyen d’un ménage dans le quartier est de 29 226$ contre 40 847$ pour l’ensemble du territoire montréalais.
En 1961, près de 44% des travailleurs de Villeray étaient soit des ouvriers, soit des artisans ou encore des travailleurs manuels. Seulement 17% de la population active effectuait du travail de bureau. La proportion de travailleurs qui occupaient des professions libérales atteignait seulement 7%.
Des 800 habitants que le village de Villeray comptait lors de son annexion à la ville en 1905, on y dénombre aujourd’hui plus 60 000 résidants; majoritairement de langue française et locataire de leur logement. Cette croissance de la population au cours du dernier siècle a fait en sorte de donner une image propre à Villeray, où la population a su se doter d’organismes communautaires afin de répondre à ses besoins.
Aujourd’hui, outre les Québécois d’origine, on retrouve plusieurs communautés culturelles qui ont fait du quartier Villeray leur lieu de résidence. La communauté italienne est sans doute une des plus importantes, représentant 19% de la population du secteur, suivie par les communautés portugaise et vietnamienne.
La vie communautaire est riche dans le quartier. On compte sur de nombreux organismes communautaires qui, avec leur mission propre, offrent une panoplie de services aux résidants de Villeray. Plusieurs groupes se sont organisés afin de contribuer à l’amélioration des conditions de vie des citoyens du secteur.
Association des locataires de Villeray
On y retrouve, entre autres, l’Association de locataires de Villeray qui, depuis 1977, informe la population sur ses droits et sur les différents recours juridiques mis à sa disposition par la loi. Au cours des années, l’Association a évolué et a orienté ses actions en fonction des différentes problématiques reliées au logement dans Villeray. Aujourd’hui, elle est autant un organisme d’information pour la population qu’un organisme d’éducation populaire qui produit nombre de documents sur la situation du logement dans Villeray. L’Association travaille fortement à la mise en place de coopératives d’habitation, dont deux ayant vu le jour à la fin des années 90, dans le quartier. La promotion du logement social est également au cur de ses préoccupations.
Devant la transformation et l’évolution des besoins de la population vers la fin des années 80, les groupes communautaires, les paroisses du quartier ainsi que le CLSC se sont réunis pour mettre en place le Conseil communautaire Solidarités Villeray, table de concertation et d’actions qui regroupe la plupart des organismes communautaires du quartier. À l’origine, le conseil avait pour objectif « de créer une dynamique d’entraide et de prise en charge des personnes défavorisées, d’offrir un service d’accueil, d’écoute et de dépannage, en plus de promouvoir la justice sociale ».
Au cours des années 90, les seize groupes communautaires que compte le conseil se sont attaqués aux problématiques relevant de la pauvreté et des inégalités sociales. Les interventions en la matière se sont traduites par des actions concrètes notamment au niveau de l’entraide alimentaire, en collaboration avec la Maison de quartier. Ils ont également mis en place des outils pour favoriser l’intégration des communautés culturelles à la vie démocratique et pour leur permettre de défendre leurs droits sociaux.
Patro Le Prevost
Pour terminer cette histoire du quartier Villeray, il ne faudrait pas passer sous silence la présence du Patro Le Prevost. Situé entre les rues Jean-Talon et Everett sur l’avenue Christophe-Colomb. Le Patro a été fondé le 16 décembre 1909 par la communauté des religieux de St-Vincent-de-Paul. À l’origine, le Patro portait le nom de Patronage Jean-Léon Le Prevost, en l’honneur du fondateur de la communauté religieuse St-Vincent-de-Paul et était situé dans le quartier Mile-end. Lors d’un incendie ayant détruit l’ensemble des installations, le Patro déménage en 1969, pour s’installer dans ses locaux actuels. Le Patro profite également de l’occasion pour s’incorporer en organisme sans but lucratif.
Depuis sa naissance, le Patro Le Prevost a aidé plusieurs familles défavorisées et de nombreux jeunes du quartier en leur offrant un grand nombre d’activités éducatives ou de loisirs et plusieurs services pour contrer la pauvreté du quartier. Le Patro, c’est avant tout un centre communautaire qui s’adresse à l’ensemble de la population. On y retrouve autant d’activités pour les jeunes que pour les aînés du quartier. Dans la vie quotidienne, plus de 2000 personnes fréquentent l’édifice de l’avenue Christophe-Colomb.
Sources
Association des locataires de Villeray, Villeray, d’hier à aujourd’hui, 27 pages. Association des locataires de Villeray, Villeray : une traversée du siècle, 40 pages Collection Pignon sur rue, 1991, Les quartiers de Montréal, Guérin éditeur, 393 pages.
Corporation de gestion des Marchés publics de MontréalDirection de la santé publique, Régie régionale de Montréal-Centre, Ville de Montréal et Centraide du Grand Montréal, 2001, Développement des communautés locales Portraits de concertations de quartier à Montréal Le Conseil communautaire Solidarités Villeray / Comité de développement local de Villeray.